Tensions entre le Burundi et la Belgique
Sécurité

Deutsche Welle, 16.12.2016

Après que le parti au pouvoir a accusé la Belgique de vouloir « recoloniser » le Burundi, les autorités du pays ont mené des perquisitions dans des domiciles de citoyens belges.

Dans son tweet du jeudi 15 décembre, le porte parole de la Police de Bujumbura annonce des fouilles chez des suspects qui troubleraient l’ordre public. Parmi eux des belges, mais aussi d’autres Africains.

Les perquisitions n’ont cependant rien donné, à en croire le porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères, Didier Vanderhasselt. "Un représentant de l’Ambassade était présent donc tout s’est déroulé en toute tranquillité selon les règles internationales, car aucun ressortissant belge possédant un passeport diplomatique n’a été perquisitionné. On ne sait pas les raisons des perquisitions", a indiqué le diplomate Belge. 

Les relations entre la Belgique et le Burundi sont tendues. Le parti au pouvoir CNDD-FDD a accusé à nombreuses reprises la Belgique d’être du côté de l’opposition. Ancien président du parti, l'actuel président de l'Assemblée nationale Pascal Nyabenda s'en est pris le mois dernier dans un communiqué à des supposés ''lobbies belges''.

La Belgique dément tout soutien à l'opposition 

L’ancien pays colonisateur est aussi suspecté de livrer des armes à l’opposition. Sur cette dernière accusation, Didier Vanderhasselt est catégorique : "la Belgique prône un dialogue constructif et ouvert avec le Burundi. Dans cet esprit, notre pays n’est dans aucun cas impliqué dans les faits que vous mentionnez".

 André Guéchoua, professseur à l’Université Paris 1 et spécialiste du Burundi, croit savoir les raisons de ces accusations.  "La Belgique est effectivement ciblée du fait de l’accueil qu’elle accorde à de nombreux opposants dont certaines personnalités éminentes. De là, à laisser penser que la Belgique est acharnée à faire tomber le régime semble peu vraisemblable que de telles accusations puissent être étayées", a-t-il dit. 

Le Burundi est plongé dans un conflit depuis que Pierre Nkurunziza a voulu briguer un troisième mandat en 2015. Les répressions du régime ont poussé plusieurs membres de l’opposition à l’exil. Les caciques de l’opposition sont regroupés au sein du CNARED (Conseil National pour le respect de l'Accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et de l'Etat de droit), et siègent à Bruxelles. Dans son conseil aux voyageurs, la Belgique déconseille vivement la destination Burundi.