Que s'est t-il passé entre la RDC et le Burundi ?
Sécurité

Deutsche Welle, 27.12.2016

Les forces armées de la RDC ont tué dix militaires en tenues militaires burundaises selon le bilan fourni par l'armée congolaise après des affrotements survenus dans le sud-est du pays.

Les autorités burundaises continuent de nier la mort de dix militaires burundais en territoire congolais. Selon le porte parole de l'armée, le colonel Gaspard Baratiza, ce sont des corps de dix rebelles burundais issus de l’armée, auteurs du coup de force manqué de mai 2016.

Une version démentie par l'opposition en exil, qui parle de corps de milices des jeunes du parti au pourvoir. Les Imbonerakure accompagnés de quelques militaires auraient tenté de pourchasser des éléments armés dans l'est de la RDC. C'est en ce moment que les forces armées de la République démocratique du Congo - FARDC- ont ouvert le feu, tuant officiellement dix personnes.

Selon Léonard Nyongoma, opposant et ancien rebelle burundais du Conseil national de la défense et de la démocratie - CNDD, Bujumbura ne veut pas reconnaître que ce sont des Imbonerakure qui ont été tués.

" Ils ont subi une frappe très forte de la part de l'armée congolaise. Ils prétendaient poursuivre des combattants, qu'ils appellent rebelles burundais au Congo. Peut être ils n'avaient pas informé ou demandé l'autorisation des autorités congolaises. Ce n'était même pas des miliataires burundais, on dit que ce sont des Imbonerakure principalement..."

L'armée congolaise a t-elle été surprise par cette incursion armée ?

De source bien informée jointe à Bukavu par la Deutsche Welle, le commandant en chef des FARDC était en mission en dehors de la zone. Son adjoint n'étant pas au courant d'un quelconque accord tacite entre Bujumbura et Kinshasa, en matière de poursuite des rebelles burundais sur le territoire de la RDC par l’armée burundaise, aurait donc autorisé la réplique fatale, qui a tué dix militaires burundais. Nous n'avons cependant pas pu vérifier cette autre version auprès du porte parole de l'armée congolaise. Léon Richard Kasonga n'a pas souhaité s'exprimer - malgré nos demandes à ce sujet. 

Pourquoi les autorités burundaises ne communiquent pas largement sur cet incident ?

Bujumbura fait face à un dilemme: reconnaître que ce sont effectivement des soldats de l'armée régulière qui ont été massacrés par des forces armées d'un pays allié. Ce qui pourrait faire apparaître une faille dans les accords de coopération militaire entre Kinshasa et Bujumbura. Alors que la cohabitation est difficile avec l'autre le voisin rwandais, Bujumbura préfère parler de rebelles tués. Comme nous le souligne cet habitant joint à Bujumbura:

"Le porte parole nie catégoriquement cette histoire, il dit qu'il s'agirait peut être des militaires burundais qui ont fait le coup d'Etat et qui ont traversé la frontière. Pour lui ce sont ces dix militaires qui ont tués dans les combats".

Côté Congolais, ces événements surviennent en pleine crise politique. Les FARDC essaient de contrôler - sans succès - les mouvements rebelles qui pullulent dans l'est du pays. Selon un officier supérieur congolais, les militaires burundais pourchassaient les rebelles burundais des Forces nationales de libération, des rebelles hutus hostiles au gouvernement de Bujumbura.