Une Burundaise mise à l'honneur dans le Nord de la France
Diaspora

La Voix du Nord, mardi 23.02.2010

L'association RIFEN met à l'honneur Eugénie Kabeberi, généreuse Burundaise

PAR AUDREY HALFORD

Elle a toujours le sourire, surtout en brandissant les photos de son œuvre caritative au Burundi.

Voilà une quinzaine d'années qu'Eugénie Kabeberi a rejoint la métropole lilloise, et deux ans qu'elle œuvre au sein de l'association villeneuvoise RIFEN. Samedi, elle était à l'honneur lors d'une séance consacrée à la découverte du Burundi, pays dont elle est originaire et pour lequel elle donne beaucoup.

« Je prends l'avion et fuis la guerre parce que j'ai la nationalité d'un pays européen. Mais je laisse tant de gens derrière moi... » C'est avec ce terrible sentiment de culpabilité qu'Eugénie Kabeberi est arrivée dans la métropole lilloise en 1993. Le Burundi, son pays d'origine, était ravagé par une guerre civile très meurtrière.

« Si jamais je survis, je dois faire quelque chose pour aider ceux qui sont restés. » Douze ans après cette promesse à elle-même, Eugénie effectue une visite au pays. Des tas de choses ont changé : « Le pays était calmé, des élections avaient eu lieu », raconte la Burundaise d'origine. Dans le village de Musigati, très peu d'habitations sont encore debout. Et les enfants orphelins peuplent les rues. « C'est un phénomène qui est né avec la guerre, regrette Eugénie. Avant, un enfant qui perdait ses parents était confié à un autre membre de la famille. Mais trop de gens étaient morts durant ce conflit, et des tas d'enfants de 3-4 ans se trouvaient seuls, sans aucune famille. »

Eugénie n'avait pas attendu la guerre pour être animée d'un sursaut de solidarité. Avant le conflit au Burundi, elle faisait déjà partie d'une association : le groupe de femmes Dufatanyé. Lors de son voyage au Burundi, elle a retrouvé une dizaine de ces femmes – « les autres n'avaient pas eu ma chance... » - et elles ont réfléchi à des actions qui pourraient réellement aider la population sur place. « J'ai filmé la situation pour montrer les vidéos à de potentiels donneurs en France, Belgique, Hollande, narre Eugénie. La plupart des gens qui ont donné étaient des religieux... Alors on a fait construire un orphelinat qu'on a appelé "Les enfants de Marie". »

Deux associations burundaises

Eugénie est membre du bureau de l'association villeneuvoise RIFEN depuis 2008. La même année, l'orphelinat a ouvert ses portes à une quarantaine d'orphelins burundais. Quatre dames et sept messieurs s'occupent de cet établissement. « Il faut des hommes car en ces temps d'après-guerre, les vols et la violence sont encore difficiles à gérer », souligne-t-elle.

Et comme les ambitions solidaires de cette Burundaise n'ont pas de limite, elle a très vite décidé d'étendre son aide en créant une deuxième association. « Il ne s'agit pas seulement de nourrir des orphelins, nous voulons que tous les enfants du village aient un avenir en accédant à l'école. » La deuxième association procure donc aux enfants extérieurs à l'orphelinat le nécessaire d'écolier. « Un projet en amène un autre, parce qu'il s'agit de les faire vivre au jour le jour en les nourrissant, mais aussi de les aider à se projeter dans l'avenir, de manière durable. »


Une association à la rencontre de l'Afrique

La découverte de pays africains passe aussi par la danse.

L'association nordiste RIFEN (Réunion internationale des femmes noires), basée à Villeneuve-d'Ascq depuis 1997, organise régulièrement des rencontres dans la métropole. En plus des permanences d'écoute et de conseil sur les droits sociaux et professionnels des femmes issues de l'immigration, tenues à la Maison des femmes de Lille, elles sensibilisent à des thèmes artistiques, sanitaires, etc.

Et depuis janvier, la RIFEN a instauré des réunions consacrées à la découverte des pays africains grâce aux actions d'une membre de l'association dans son pays d'origine. Samedi, c'était au tour du Burundi, qu'Eugénie Kabeberi (lire ci-dessus) a présenté aux membres présents.

Bernard, un fidèle, était venu assister au récit d'Eugénie, photos et vidéos à l'appui. Comme lui, plusieurs hommes ont compris l'ouverture d'esprit des femmes à l'origine de cette association. Les hommes blancs et femmes noires disposés en cercle pour débattre prouvent cette ouverture, un peu plus à chaque réunion. Les danses reproduites à partir des vidéos diffusées, quant à elles, montrent de ces pays une autre facette que la guerre passée ou actuelle.

A. H.