Jammeh a accepté de quitter la Gambie, selon un proche de Barrow

@rib News, 20/01/2017 – Source Reuters

 Yahya Jammeh (photo), à la tête de la Gambie depuis 1994, a accepté de céder le pouvoir et de partir en exil, a déclaré vendredi soir un proche conseiller du nouveau président, Adama Barrow.

L'annonce de Mai Ahmad Fatty est intervenue au terme d'une journée marquée par une médiation de la dernière chance menée au nom de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) par les présidents guinéen Alpha Condé et mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

La Cédéao avait donné à Jammeh jusqu'à vendredi midi pour quitter ses fonctions. Le président sortant avait demandé de repousser ce délai de quatre heures, indiquait-on dans la journée de sources gouvernementales à Banjul, la capitale.

"Je peux vous assurer qu'il a accepté de partir", a déclaré à Reuters Mai Ahmad Fatty, conseiller spécial du président Barrow, à Dakar. Il a ajouté qu'il n'était pas en mesure de préciser quel serait le pays d'exil de Jammeh.

Quelque 7.000 soldats de la Cédéao, conduits par le Sénégal et le Nigeria, étaient entrées jeudi en territoire gambien à la demande d'Adama Barrow, qui a été investi non pas dans son pays mais à l'ambassade de Gambie à Dakar.

L'intervention militaire avait été stoppée dans la nuit de jeudi à vendredi pour laisser une chance à la médiation.

"Le règne de la peur a été proscrit pour de bon en Gambie", a déclaré Barrow vendredi dans un discours à ses partisans réunis devant son hôtel de Dakar. "Vous tous que les circonstances politiques ont contraints à fuir notre pays, vous avez à présent la liberté de rentrer chez vous", a-t-il ajouté.

Le général Ousman Badjie, chef d'état-major des forces armées de Gambie qui avait jusque-là pris le partie de Jammeh, a déclaré vendredi à Reuters que les soldats gambiens, dont le nombre varie selon les estimations de 800 à 2.500, accueilleraient "avec des fleurs et une tasse de thé" la force africaine.

"C'est un problème politique, une incompréhension. Nous ne combattrons pas les forces nigérianes, togolaises ou autres qui viendront", a-t-il dit.

Dans un premier temps, Yahya Jammeh avait reconnu sa défaite face à Adama Barrow lors de l'élection du 1er décembre avant de se raviser et de contester la régularité des résultats du scrutin. Plusieurs ministres ont démissionné, isolant le président sortant.

Banjul est restée calme vendredi. La veille, des centaines de Gambiens avaient fêté dans la liesse l'investiture de Barrow et salué l'entrée de troupes sénégalaises et nigérianes.

Environ 45.000 personnes, surtout des enfants, ont fui la Gambie à destination du Sénégal depuis le 1er janvier, a dit vendredi le Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés.

"Les prochains jours vont être déterminants et d'autres personnes pourraient quitter le pays si la situation actuelle ne trouve pas rapidement une solution pacifique", dit le HCR dans un communiqué émis à Genève.

A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé jeudi à l'unanimité une résolution présentée par le Sénégal appuyant les efforts de la Cédéao pour faire respecter la volonté du peuple gambien.