Burundi : multiplication des arrestations au sein de l’armée
Sécurité

RFI, 27-01-2017

Les arrestations se sont multipliées au sein de l'armée burundaise depuis mardi 24 janvier. Dernières en date, un major et un lieutenant d'un camp militaire de la province de Muyinga. En cause : des tirs entendus près du camp militaire de Mukoni dans l’est du pays.

Tout est parti d'une affaire qui semblait banale au départ, mais qui a pris depuis des proportions inquiétantes. Des tirs ont été entendus dans la nuit de lundi à mardi près du camp militaire de Mukoni dans la province de Muyinga, dans l'est du pays.

Des habitants du coin assurent alors que ce camp militaire était visé par une attaque rebelle. Une thèse démentie par le porte-parole de l'armée, qui parle de simples voleurs qui ont tiré en l'air lorsqu’ils ont rencontré une patrouille militaire. Mais des armes sont alors retrouvées non loin du camp.

Des complices

Les événements se sont alors accélérés. Un sous-officier de ce camp de Mukoni est arrêté dans la journée de mardi. Il aurait alors donné les noms de ses complices basés dans d'autres camps militaires à travers le pays, selon le porte-parole de l'armée burundaise.

Puis un deuxième soldat, l'adjudant François Nkunzimana, est arrêté dans la foulée et remis à des policiers, selon des sources militaires. Son corps criblé de balles sera retrouvé le lendemain dans une petite forêt située non loin de ce camp, aux côtés de deux autres cadavres non identifiés. L'administration locale va donner l'ordre de les enterrer sur le champ.

Multiplication des arrestations

Depuis, les arrestations se sont multipliées dans plusieurs camps militaires : à Ngozi au Nord, Gitega au centre ou Mutukura dans le Sud-Est. Au moins 18 soldats sont arrêtés au total, dont un major et un lieutenant.

Ni l'administration de la province de Muyinga, ni le porte-parole de la police ne répondaient au téléphone. Le porte-parole de l'armée, le colonel Gaspard Bratuza, lui reconnaît que des armes avaient été volées dans le camp de Mukoni mardi 24 janvier et qu'il y a eu des arrestations de complices de ce vol. Mais il assure que ce qui se passe en dehors des camps militaires ne relève pas de l'armée. De son côté, un haut gradé de l'armée parle d'un complot tentaculaire qui touche de nombreux camps militaires, ourdis essentiellement par des soldats ex-FAB, l'ancienne armée.

Le colonel Adolphe Manirakiza, qui a fui en exil après sa mission en Centrafrique dénonce une répression aveugle et sauvage, et il met en garde contre une armée au bord de l'explosion. Un malaise démenti par le porte-parole de l'armée.