Burundi : dissensions au sein du Cnared, la plateforme de l’opposition
Politique

Jeune Afrique, 03 février 2017

La principale plateforme de l’opposition, le Cnared, a momentanément suspendu le parti politique ADR-Imvugakuri et deux de ses membres, Alice Nzomukunda et Fréderic Bamvuginyumvira.

En cause : leur position sur la médiation en cours menée par l'ex-président tanzanien Benjamin William Mkapa. Pour ce dernier, le président Nkurunziza est "légitime". [Photo : Réunion du Directoire du CNARED.]

« Le parti ADR-Imvugakuri, sa présidente Alice Nzomukunda, Fréderic Bamvuginyumvira, tous les deux des anciens vices-présidents de la République, sont suspendus du Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha, de la Constitution et de l’Etat de droit (Cnared) jusqu’à la tenue de la réunion du Directoire, qui devra statuer définitivement », apprenait-on lundi 30 janvier dans un communiqué de la plateforme de l’opposition.

D’après le texte, ils se seraient rendus coupables de « violation grave et flagrante du code de conduite ainsi que des comportements récurrents à caractère destructeur ». Le communiqué est signé Dr Jean Minani, actuellement président du Cnared, plateforme regroupant une grande partie de l’opposition burundaise en exil.

Celui-ci précise par ailleurs que les deux personnalités exclues étaient membres du directoire pour leurs qualités d’anciens vice-présidents de la République.

La guerre des communiqués

Les sanctionnés ne décolèrent pas et conteste la décision du Conseil. «  Le mandat du directoire a expiré le 25 janvier dernier », fulminent-ils dans un communiqué rédigé au nom des « partis engagés dans le dialogue inter burundais ».

Et sur l’un des grands points de divergence entre eux et le Cnared, le dialogue inter-burundais − perçu d’ailleurs par certains comme la principale raison des récentes mesures de suspension −, Fréderic Bamvuginyumvira tranche : « Nous réaffirmons notre soutien au dialogue inclusif sous la médiation de l’East African Community, seule voie pacifique pour trouver la solution à la crise burundaise ».

Mi-janvier, Fréderic Bamvuginyumvira, actuel président du parti Frodebu (Front pour la démocratie du Burundi), et Alice Nzomukunda avaient répondu à l’invitation du facilitateur Benjamin William Mkapa pour un « débriefing »à Arusha, et ce malgré l’interdiction faite par le Cnared à ses membres d’y participer. La plateforme de l’opposition a récusé le médiateur en décembre.

Par Armel Gilbert Bukeyeneza