Le président du Burundi accuse la Belgique d'avoir semé les divisions ethniques
Politique

@rib News, 06/02/2017 – Source Belga

Le président burundais Pierre Nkurunziza s'en est pris lundi à la Belgique, accusant l'ancien pays de tutelle "d'avoir semé les divisions ethniques entre Burundais", a rapporté le site d'informations SOS Médias Burundi.

"Au départ, l'unité entre les Burundais était fondée sur les clans et on pouvait trouver les Hutu, les Tutsi et les Twa dans tous les clans", a-t-il affirmé lors d'un discours prononcé à Mukoni (province de Muyinga, nord-est du pays), à l'occasion de la commémoration du 26ème anniversaire de l'adoption de la Charte de l'Unité nationale.

M. Nkurunziza a précisé que "ce classement se basait sur le rang social".

Le président burundais a annoncé qu'il lançait une campagne de sensibilisation sur le retour aux valeurs ancestrales. Il a ainsi demandé à chaque Burundais de "chercher à connaître son origine clanique". Pour M. Nkurunziza, "les ethnies inventées par le colon belge vont disparaitre progressivement".

Ce genre de discours est fréquent de la part des responsables du parti présidentiel au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie - Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), qui accuse également l'Union européenne et les Nations unies de vouloir "déstabiliser" le pays.

La Belgique a administré le Burundi sous le régime de la tutelle de la Société des Nations (SDN) puis du mandat de l'ONU jusqu'à l'indépendance, le 1er juillet 1962.

La fête de l'Unité nationale a été célébrée dans toutes les provinces du pays mais n'a connu qu'une faible mobilisation, a ajouté SOS Médias Burundi.

L'adoption de la Charte de l'Unité nationale burundaise remonte au 5 février 1991 par voie référendaire populaire, après plusieurs crises cycliques sanglantes "teintées" de guerre civile, enregistrées notamment en 1965, en 1972, en 1988 et en 1991.

Cependant, malgré ce pacte d'unité ainsi scellé, le Burundi a plongé depuis octobre 1993 dans une autre guerre civile, la plus longue de toutes, qui a duré une quinzaine d'années et fait quelque 300.000 morts.

Ce petit pays d'Afrique centrale en est sorti grâce aux accords de paix d'Arusha (Tanzanie) en août 2000.

Il est toutefois plongé dans une grave crise depuis que M. Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé, qu'il a obtenu en juillet suivant au terme d'une élection boycottée par l'opposition. Des violences ont fait plus de 1.000 morts, 8.000 personnes détenues pour des motifs politiques, 300 à 800 disparus, et ont poussé plus de 300.000 personnes à l'exil, selon la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).