Un Belge d’origine burundaise condamné au Canada pour trafic d’héroïne
Société

Le Journal de Montréal, 27 mars 2017

Ils ont tenté d’importer 4 M$ d’héroïne

Une Américaine et un Belge ont chacun de leur côté caché la drogue dans le double fond de leurs valises

Une Américaine et un Belge viennent d’être condamnés à 12 ans de pénitencier pour avoir tenté d’importer à Montréal pour plus de 4 millions de dollars d’héroïne cachée dans le double fond de leurs valises. [Sur cette photo, on voit la drogue détectée par les douaniers au moyen d’un appareil à rayons X.]

Andrea Nicole Owen, de Columbus, dans l’État de l’Ohio, et Mubaraka Mohamed, de Louvain, en Belgique, ont chacun reçu cette lourde peine au palais de justice de Montréal, au début de mars.

Tous deux avaient été appréhendés à l’aéroport Montréal-Trudeau après avoir tenté de berner les douaniers de la même façon, à deux ans d’intervalle.

Bagages suspects

L’Américaine de 39 ans, décrite com­me une toxicomane devant le juge Stephen Hamilton, avait débarqué à

Montréal le 18 décembre 2015 avec pas moins de trois valises, au terme d’un périple amorcé au Rwanda avec une escale à Amsterdam, aux Pays-Bas.

Elle avait immédiatement soulevé les soupçons du personnel de l’Agence des services frontaliers, qui avait passé les bagages dans un appareil à rayons X.

Le double fond de deux valises cachait 8,2 kg d’héroïne, ce qui représente 164 740 doses, d’une valeur totale de 3,3 millions $ sur le marché de la rue, a témoigné un enquêteur de la GRC.

La drogue était d’un degré de pureté d’à peine 50 %, soit de piètre qualité.

Mme Owen a déclaré avoir reçu 15 000 $ d’un Ontarien pour faire ce voyage. Elle disait ignorer ce que contenaient les vali­ses qu’on lui avait données à Kigali.

Un « cadeau »...

L’histoire du Belge de 26 ans, employé d’une pizzeria dans son pays, est sensiblement la même.

Le 20 février 2014, il a prétendu avoir «aveuglément» accepté «un cadeau» d’un supposé étranger qui l’aurait abordé peu avant son vol, d’après sa version des faits, relatée par la juge Myriam Lachance.

Le fautif, un immigrant né au Burundi, s’était fait offrir une valise sans trop vérifier ce qu’elle contenait et un billet d’avion en direction de Montréal. On lui aurait dit qu’à son arrivée à l’aéroport «quelqu’un le reconnaîtrait et irait le chercher».

Ce sont plutôt les douaniers canadiens de l’aéroport Trudeau qui se sont occupés de lui après avoir passé sa valise aux rayons X et découvert qu’un paquet de 2,6 kg d’héroïne y était dissimulé dans un double fond.

Peu crédible

La juge Lachance a rappelé que de tels «courriers» sont «essentiels» aux trafiquants de cette drogue très puissante qui «doit nécessairement être importée au Canada» pour y être vendue.

M. Mohamed avait notamment été recruté par l’organisation criminelle ayant commandité cette importation parce qu’il n’avait pas de casier judiciaire et n’était pas lui-même un consommateur de drogues.

Quelques groupes du crime organisé sont connus des forces policières pour faire le trafic d’héroïne dans la région de Montréal, notamment une faction de la mafia italienne et la pègre de souches turque et kurde.

Éric Thibault