Burundi : les étudiants retournent en amphi
Education

Libération, 25 avril 2017

Le climat politique et social burundais est à la peur. Depuis sa réélection contestée en juillet 2015 pour un troisième mandat, le président Pierre Nkurunziza ne tolère plus la moindre opposition. La répression aurait fait plus de 2 000 morts. Et l’ONU estime à 200 le nombre de disparitions depuis octobre 2016.

Les étudiants burundais n’échappent pas à l’intransigeance du régime.

Lundi, ils ont dû se résigner à «regagner les amphis, en espérant que les autorités arrêteront les sanctions et privilégieront la voix du dialogue», a indiqué mardi un de leurs représentants à Libération. Une décision qui met fin à un mois de grève contre le décret présidentiel réorganisant le système des bourses universitaires.

Jusqu’à présent, les étudiants bénéficiaient sans condition d’une bourse d’études mensuelle de 30 000 francs burundais (moins de 17 euros). Le décret du 1er février prévoit de transformer cette aide en un «prêt-bourse» remboursable en fin d’études «qui évoluera en fonction du coût de la vie», explique Jean-Claude Karerwa Ndenzako, porte-parole du chef de l’Etat.

Créée en 1964, l’université du Burundi (UB) compte plus de 14 000 étudiants pour une capacité de 4 000 places. Une explosion qui rend nécessaire une réforme du système des bourses. Les étudiants disent ne pas savoir quels seront les critères d’attribution. Ni comment ils devront les rembourser s’ils ne trouvent pas d’emploi. Une grande majorité d’entre eux exigent donc le retrait du décret.

S’ils ne sont associés à aucun mouvement politique, le gouvernement les considère comme des sindumujas, des opposants au troisième mandat du président. Qui a chargé son très redouté Service national de renseignement de procéder à des interpellations jusque sur leur campus de Mutanga. Une dizaine ont été arrêtés et cinq sont incarcérés en attente d’être jugés. Les œuvres sociales de l’UB ayant menacé de supprimer les bourses et d’exclure tous les grévistes à partir de lundi, ces derniers ont repris le chemin des cours. Sous la peur.

Joris Bolomey