Burundi : réexportation vers Kigali d'un convoi du PAM pour "raisons de sécurité"
Sécurité

@rib News, 25/04/2017 – Source Xinhua

Un convoi alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) arrivé vendredi dernier à la frontière burundo-rwandaise de Gasenyi avec pour destination le Burundi, a été réexporté mardi vers Kigali pour "raisons de sécurité", a fait savoir le PAM.

Ce n'est pas la première fois qu'un convoi du genre est arrêté aux frontières que ce soit au Burundi ou dans les autres pays de la sous-région des Grands Lacs, a affirmé lors d'un point de presse la directrice intérimaire de la représentation du PAM au Burundi (PAM-Burundi), Nicole Jacquet, se basant sur des informations reçues de source policière burundaise.

Mme Jacquet a signalé qu'à travers les contacts menés auprès des autorités policières et administratives au ministère burundais de l'Intérieur, le PAM-Burundi s'est vu communiquer qu'il y avait un "problème de sécurité".

"Au PAM, lorsqu'un pays nous dit qu'il y a un problème de sécurité, nous prenons aussitôt toutes les dispositions pour éviter de mettre en péril la cargaison, les chauffeurs et les camions. Cette situation nous a poussés à décider d'introduire une demande de réexportation pour que ces camions retournent dans la centrale d'achat de Kigali", a-t-elle expliqué.

Mme Jacquet a ajouté que comme les bureaux de l'Office Burundais des Recettes (OBR) étaient fermés dimanche, les formalités de réexportation ont été faites lundi si bien que le convoi initialement destiné au PAM-Burundi, est reparti ce mardi 25 avril à Kigali.

Au niveau du Burundi, a-t-elle affirmé, le corridor nord est le plus important en termes d'approvisionnement parce que c'est par là que peuvent entrer des camions provenant du Kenya et d'Ouganda, comparativement au corridor du centre par lequel transitent des produits provenant de la Tanzanie.

Dans ce cadre, a-t-elle signalé, le PAM-Burundi est entrain de faire des démarches auprès des autorités burundaises, en l'occurrence celles relevant des ministères de l'Intérieur et de la Sécurité Publique, pour savoir si ce corridor est "désormais impraticable", ou s'il s'agit d'un "problème temporaire" à l'issue duquel ce corridor pourra être réutilisé.

Elle a fait remarquer que si ce problème survenu au niveau du corridor devait persister sur une très longue durée, "ce serait assez grave" pour le PAM-Burundi, dans la mesure où tous ses convois seraient obligés de transiter sur la frontière burundo-tanzanienne de Kobero.

Le transit par la frontière de Kobero, a-t-elle expliqué, pour des vivres qui proviennent du Kenya ou d'Ouganda, "représente vraiment un très grand détour, avec beaucoup de frais de transport supplémentaire" pour le PAM-Burundi.

Mme Jacquet a saisi l'occasion pour signaler que des enquêtes récentes réalisées au Burundi par certaines agences du système des Nations Unies dont le PAM et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture), font état de 3 millions de personnes qui"souffrent toujours de l'insécurité alimentaire" au Burundi.

Toutefois, a-t-elle nuancé, ce chiffre pourrait baisser d'ici début juillet prochain à la faveur de la récolte de la "saison culturale B", qui, tout en étant inférieure à celle de 2016 à la même période, est "jugée acceptable au regard de la quantité attendue".

"En cette période de grande soudure pour le Burundi au plan alimentaire, le PAM ne peut pas acheter de produits alimentaires localement, pour ne pas courir le risque de déstabiliser des marchés intérieurs déjà très faibles. Comme solution alternative, le PAM recourt à des achats régionaux, notamment auprès de ses centrales d'achat implantés en Ouganda, au Kenya et au Rwanda ; en veillant à acheter le maximum de quantités en vivres avec des prix moins chers, afin de nourrir plus de personnes vulnérables au Burundi", a ajouté Mme Jacquet.

Dans ce cadre, elle a révélé que le PAM-Burundi avait besoin de 500 tonnes de haricot pour les programmes de réfugiés congolais au Burundi et d'autres du PAM au Burundi.

"Via les bureaux régionaux du PAM, nous avons fait recours à ces centrales d'achat, qui ont trouvé en effet 500 tonnes de haricot à la centrale d'achat de Kigali. Par la suite, un convoi de camions contenant 300 tonnes de haricot parti de Kigali dans un premier temps comme 1er lot, est arrivé vendredi dernier à la frontière burundo-rwandaise de Gasenyi. Les formalités douanières requises ont été faites ; et par la suite, la police burundaise n'a pas fait passer le convoi des dix camions", a-t-elle expliqué.