Le Roi des Belges à Kinshasa en juin, pour tourner la page du colonialisme
Afrique

@rib News, 10/03/2010 – Source AFP

Le Roi des Belges, Albert IILe Roi Albert II assistera fin juin aux cérémonies du 50e anniversaire de l'indépendance de la République démocratique du Congo, marquant la volonté de la Belgique de retrouver une relation sereine avec son ancienne colonie après de multiples brouilles.

Le gouvernement d'Yves Leterme a décidé mercredi d'autoriser le Roi à répondre positivement à l'invitation lancée en janvier par le président congolais Joseph Kabila. Le dernier souverain belge à s'être rendu dans l'ex-Congo belge, en 1985 est son frère, le Roi Baudouin, décédé en 1993.

Vingt-cinq ans plus tard, la visite d'Albert II doit marquer la reprise d'une "relation sereine, respectueuse et ouverte" entre Belges et Congolais, a commenté le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere.

Possession personnelle du Roi des Belges Léopold II à partir de 1886, le Congo, pays grand comme l'Europe occidentale, était devenu une colonie belge en 1908. Durant 50 ans, le royaume avait largement profité des richesses du sous-sol congolais pour assurer sa propre prospérité, négligeant le développement de sa colonie.

Dans la foulée des indépendances africaines et après des émeutes en 1959, Bruxelles avait accordé l'indépendance au Congo, fixée au 30 juin 1960.

Lors de la cérémonie marquant cette indépendance mal préparée, le Premier ministre congolais, Patrice Lumumba, avait apostrophé à Kinshasa le Roi Baudouin, dénonçant 80 ans d''"oppression colonialiste".

Le discours du père de l'indépendance congolaise avait été ressenti comme une humiliation par les milieux belges. Il avait fallu attendre 2002 pour que Bruxelles présente ses "excuses" pour son rôle dans la mort de Lumumba, tué en janvier 1961 quelques heures seulement après son transfert chez ses ennemis du Katanga (Sud-Est) avec le soutien d'instances gouvernementales belges.

Entre-temps, les relations entre la Belgique et le Zaïre du maréchal Mobutu avaient connu dans les années 1980 et 1990 une succession de crises et de réconciliations.

Au tournant des années 2000, alors que la RDC était le théâtre de guerres ayant fait plus de 5 millions de morts, selon certaines estimations, la Belgique avait à nouveau joué un rôle important dans la région en usant de sa diplomatie pour faciliter le retour à la paix.

Le réchauffement qui avait suivi a toutefois volé en éclat en 2008 à la suite de propos du chef de la diplomatie belge de l'époque, Karel De Gucht, sur la corruption en RDC.

Après une rupture des relations diplomatiques de plus d'un an, les tensions s'étaient apaisées à la faveur du départ pour la Commission européenne de M. De Gucht en juin 2009.

En janvier, Joseph Kabila a donc pu annoncer qu'il invitait Albert II pour le 50e anniversaire de l'indépendance du pays.

Si, depuis lors, plusieurs ministres belges ont fait le voyage de Kinshasa, la réponse officielle du gouvernement se faisait toutefois attendre.

Car si le gouvernement Leterme a rompu avec le style très peu diplomatique de Karel De Gucht, il n'entend pas accorder de chèque en blanc aux dirigeants congolais.

Il faut des progrès supplémentaires en matière de "gouvernance", de "lutte contre la corruption" et de "droits de l'homme" en RDC, a souligné mercredi le ministre de la Coopération, Charles Michel.

Mais les Belges, qui ont vu leur influence dans leur ancienne colonie contestée ces dernières années par des acteurs moins regardants sur ces questions, comme la Chine, savent ce qu'ils ont à perdre en jouant les éternels donneurs de leçon.

Le ministre des Finances Didier Reynders a ainsi souhaité qu'Albert II soit accompagné d'une "délégation raisonnable", pour ne pas donner le sentiment que la Belgique a conservé avec le Congo des "liens de type coloniaux".