Le Burundi invité à apporter des "réponses appropriées" aux défis de l'environnement
Société

@rib News, 18/06/2017 – Source Xinhua

Les pouvoirs publics burundais devraient apporter des "réponses appropriées" aux défis de l'environnement pour prévenir l'éclatement des "catastrophes écologiques" dans le pays dans les années à venir, prévient Jean-Marie Sabushimike (photo), expert environnemental burundais.

La première préoccupation environnementale pour le Burundi, est la pression démographique observée sur le territoire burundais, selon M. Sabushimike, professeur de Géographie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université du Burundi (UB), dans une interview accordée vendredi à Xinhua au sujet de l'état des lieux sur les défis actuels de l'environnement burundais.

Les données actuelles de l'Institut de Statistiques et d'Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU), service officiel des statistiques du pays, révèlent que le taux moyen de fécondité est de 6,4 enfants par femme ; alors que les prévisions gouvernementales veulent que ce taux passe à 3 enfants par femme d'ici 2025.

La première conséquence de cette pression démographique sur le sol burundais, est la "dégradation généralisée de l'environnement, via notamment une destruction massive des écosystèmes forestiers", a souligné l'expert.

Il a recommandé aux pouvoirs publics de "faire preuve de fermeté" en optant résolument pour une régulation de la croissance démographique inspirée des méthodes modernes.

"Sinon, la croissance exponentielle de la population burundaise, eu égard à son rythme actuel, peut tout compromettre et aboutir à des situations d'impasse", a-t-il estimé.

Les changements climatiques représentent l'autre "terrible" défi de l'environnement burundais compte tenu de ses impacts "catastrophiques" sur une situation des aménagements "mal adaptés" au territoire burundais, a déploré par ailleurs l'expert Sabushimike.

"En effet, l'aménagement du territoire burundais ne tient pas effectivement du contexte actuel des changements climatiques. Les conséquences désastreuses inhérentes à cet état de fait, c'est que le Burundi n'est pas à l'abri des pluies exceptionnelles, des vents violents dont des tempêtes tropicales et des méga-glissements", a-t-il fait remarquer.

Ainsi, a-t-il suggéré, face à des catastrophes naturelles parfois consécutives à des pluies torrentielles et eu égard à la vulnérabilité du Burundi vis-à-vis des changements climatiques, les pouvoirs publics devraient user de "toutes les stratégies possibles" pour éviter la reproduction de tels drames en mettant en place une "politique d'adaptation ad hoc".

La dégradation "très accélérée" des terres agricoles avec pour effet pervers la chute de la production agricole, les exploitations "incontrôlées" des carrières minières ainsi que les "fréquentes" ruées des populations burundaises "en croissance exponentielle" sur les écosystèmes humides, terrestres et aquatiques, sont trois autres défis importants de l'environnement burundais, a-t-il ajouté.

Sur ce dernier défi, il a pointé du doigt le désordre prévalant dans l'exploitation des marais en dépit des essais d'aménagement en cours menés à la hâte, ainsi que les menaces de destruction planant sur les lacs nordiques du Burundi (Cohoha, Rweru et Rwihinda) qui "continuent à reculer" à cause des zones tampons en cours de disparition.

"Là où le bât blesse, c'est que même le lac Tanganyika, considéré comme l'écosystème le plus important reconnu comme le patrimoine mondial immatériel de l'UNESCO, est gravement pollué par l'érosion des sols, les eaux usées provenues des ménages et les déchets industriels qui s'y jettent, entraînant hélas, la migration des poissons, seule ressource halieutique", a-t-il averti.

Deuxième lac le plus profond du monde après le lac Baïkal (Russie), le lac Tanganyika est riverain de quatre pays, à savoir le Burundi, la République Démocratique du Congo(RDC), la Tanzanie et la Zambie, aujourd'hui regroupés dans une communauté d'intégration régionale dénommée "Autorité du Lac Tanganyika" (ALT).