Paul Kagame réélu président au Rwanda par simple "formalité"
Afrique

@rib News, 06/08/2017 – Source The Associated Press

KIGALI, Rwanda — Paul Kagame (photo) a décroché samedi un troisième mandat de sept ans à titre de président du Rwanda, dans une élection qu’il avait qualifiée en juillet de «formalité».

M. Kagame, âgé de 59 ans, a récolté 98,63 pour cent des voix, prétendent les autorités. Selon la Commission électorale rwandaise, plus de 90 pour cent des 6,9 millions d’électeurs inscrits s’étaient rendus aux urnes.

Il se présentait contre Frank Habineza, du Parti démocratique vert — le seul parti d’opposition autorisé au Rwanda — et le candidat indépendant et ex-journaliste, Philippe Mpayimana.

Aucun des deux n’a recueilli ne serait-ce qu’un pour cent des appuis selon les résultats officiels.

Dans la capitale, peu de signes laissaient entrevoir le scrutin imminent. Les candidats ne pouvaient pas poser d’affiches de campagne dans la plupart des endroits publics et la commission électorale avait filtré les messages électoraux de chacun.

Samedi, la Maison-Blanche s’est dite «perturbée par des irrégularités observées lors du vote».

Une déclaration du département d’État américain a réitéré «des inquiétudes de longue date sur l’intégrité du processus de décompte de votes».

Les autorités américaines se sont aussi dites «préoccupées par le manque de transparence dans la détermination de l’éligibilité de candidats potentiels». Elles ont d’ailleurs félicité le travail des médias rwandais qui ont mis en lumière le possible harcèlement de certains candidats de l’opposition.

Trois potentiels adversaires de M. Kagame avaient été exclus de la course parce qu’ils auraient échoué à remplir certains critères, dont la récolte d’un nombre suffisant de signatures.

«Cette élection a été tant critiquée parce que je continue à être votre leader, particulièrement par des gens à l’extérieur du pays parce qu’ils s’opposent à la volonté des Rwandais», a déclaré le président devant ses partisans, samedi. «Mais les Rwandais ont montré qu’elle n’a pas été manipulée par qui que ce soit sauf leur propre volonté.»

Un amendement apporté à la constitution en 2015 permet à M. Kagame de rester en poste jusqu’en 2034.

Le mois dernier, Amnistie internationale a signalé que deux décennies d’attaques souvent mortelles contre des journalistes, des opposants politiques et des défenseurs des droits de la personne ont instauré «un climat de peur» à l’approche de cette plus récente élection.

Paul Kagame dirige le pays de 12 millions d’habitants depuis que ses rebelles ont contribué à mettre fin, en 1994, au génocide qui avait tué plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés.

En 2010, Kagame avait décroché 93 pour cent des voix.

Le président demeure populaire en raison de la croissance économique du pays, mais certains détracteurs l’accusent d’être intolérant envers la critique et d’utiliser les pouvoirs à sa disposition pour écarter de potentiels opposants, ce qu’il nie fermement.