Burundi : Un nouveau rapport accablant de l’ONU annoncé pour septembre
Droits de l'Homme

UN News Centre, 16 août 2017

Violations de droits humains au Burundi : l'ONU fera le point sur son enquête en septembre

La Commission d'enquête sur le Burundi et son Président Fatsah Ouguergouz présenteront à Genève les 18 et 19 septembre lors de la trente-sixième session du Conseil des droits de l'homme, un rapport qui devrait confirmer que les graves abus se poursuivent au Burundi.

Dans un entretien accordé à ONU Info, M. Ouguergouz a indiqué que les enquêteurs onusiens n'ont reçu « aucune information relative à une amélioration de la situation qui prévaut au Burundi, notamment depuis la présentation du rapport oral en juin dernier ».

« Par contre, nous avons reçu quelques témoignages faisant état d'allégations », fait-il remarquer tout en soulignant qu'il s'agit « d'informations qui font état d'actes aussi graves et d'une gravité similaire par rapport au contenu du rapport oral présenté en juin dernier à Genève ».

Le 15 juin dernier, la Commission d'enquête de l'ONU sur le Burundi avait en effet dénoncé la persistance des violations des droits de l'homme dans ce pays. Des abus perpétrés, selon les enquêteurs onusiens, dans un climat de peur généralisé, avec des violations entretenues par des discours de haine prononcés par certaines autorités de l'État, des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure. « Plusieurs victimes de torture par la police ou le service national de renseignement ont rapporté à la Commission que les sévices endurés étaient accompagnés d'insultes à caractère ethnique », avaient alors déploré les enquêteurs onusiens.

Plus de deux mois après, la Commission estime « qu'elle n'a aucune raison de moins s'inquiéter. Donc pas d'améliorations à notre connaissance ».

Si cette commission indépendante d'enquête fait toujours face à un manque de coopération de la part des autorités burundaises, elle a toutefois activement poursuivi ses travaux depuis sa création.

Toujours interdite de séjour dans ce pays par Bujumbura, ses membres se sont rendus dans les pays voisins, Ouganda, Tanzanie, Rwanda ou République démocratique du Congo (RDC), où ils ont enquêté auprès des centaines de milliers de Burundais qui ont fui les violences au Burundi. Ils ont déjà entendu des centaines de victimes ou témoins des violences, ont épluché une importante documentation et recoupé des faits. « Encore une fois, nous déplorons le manque de coopération des autorités burundaises. Malgré cela, nous avons pu travailler dans des conditions difficiles certes, mais effectives », a déclaré le Président de la Commission d'enquête.

Les enquêteurs onusiens ont ainsi « pu recueillir plus de 470 témoignages ». Des dépositions recueillies non seulement dans les pays limitrophes du Burundi, dans d'autres pays également, mais aussi à l'intérieur du Burundi. « A travers certaines sources, nous avons pu recueillir des témoignages des victimes ou des témoins vivant actuellement au Burundi et qui ne sont pas sortis de leur pays », a dit M. Ouguergouz.

Sur la fiabilité des informations recueillies tout au long de ces enquêtes sur le terrain, la Commission « fait très attention à ce que les conclusions des allégations soient fondées à la fois en faits et en droit, et obtenir ainsi un certain nombre d'informations de première main ».

Finalement, la Commission d'enquête entend rappeler l'importance de sa mission qui consiste à documenter toutes ces violations des droits humains au Burundi. Des travaux qui peuvent être utiles dans le cadre de la lutte contre l'impunité, surtout en l'absence de recours possible au Burundi même.

« Notre rôle est de documenter ces violations de manière à permettre à la justice burundaise elle-même » d'avoir de la matière à même de servir lors de procès équitables et impartiaux. « Car c'est le Burundi qui est d'abord responsable d'assurer la lutte contre l'impunité », note la Commission. Selon Fatsah Ouguergouz, documenter les violations des droits de l'homme permettrait aussi de favoriser le processus de réconciliation dans ce pays.