Le Burundi «terrain fertile pour le trafic d’armes», selon un rapport de l’ONU
Sécurité

RFI, 17-08-2017

Le rapport des experts de l’ONU sur la situation en République démocratique du Congo, présenté ce jeudi 17 août au Conseil de sécurité, pointe les liens entre le Burundi, en crise depuis deux ans, et la situation sécuritaire dans l’est de la RDC.

« Les plaines de Rusizi et les rives du lac Tanganyika continuent d’être un terrain fertile pour la mobilisation armée et le trafic d’armes », écrivent les experts de l’ONU dans le rapport final présenté ce jeudi devant le Conseil de sécurité (à 10h TU).

Car si le rapport se concentre sur l’état de la situation sécuritaire en RDC, ses auteurs pointent également la présence de groupes armés et l’existence de trafics d’armes en provenance de pays voisins. C’est notamment le cas sur la frontière entre la RDC et le Burundi, un pays en crise depuis plus de deux ans.

Le groupe d’experts a identifié dans la province congolaise du Sud-Kivu la présence de trois groupes armés de rebelles burundais décrit comme étant « engagés dans des relations complexes avec des groupes armés locaux comme les Maï-Maï et les groupes de défense locaux ».

Trois groupes armés burundais opèrent en RDC

Il y a d'abord eu les dissidents des Forces nationales de libération (FNL)-Nzabampema, aujourd'hui responsables de petites attaques devenues quasi-quotidienne côté burundais.

Il y a également le groupe de la Résistance pour un État de droit au Burundi (RED-Tabara), dont la création a longtemps attribué au politicien burundais Alexis Sinduhije, malgré ses dénégations.

Le rapport pointe enfin la présence des Forces républicaines du Burundi (Forebu). Dirigé depuis peu par le général major Jérémie Ntiranyibagira, le Forebu, une rébellion composée essentiellement de déserteurs de l'armée burundaise, est désormais le plus important groupe armé originaire du Burundi à opérer en RDC.

Tous ces groupes ont leur base-arrière dans la province du Sud-Kivu, où ils bénéficient de la complicité de groupes Maï-Maï congolais, affirment les auteurs du rapport.

Patrouilles conjointes à la frontière

Bujumbura surveille donc attentivement cette frontière. Le groupe d'experts de l'ONU note d'ailleurs que les soldats burundais passent régulièrement côté congolais « pour mener des patrouilles conjointes avec les FARDC ». Ce qu'ont toujours démenti les deux pays.

Mais un incident survenu le 21 décembre 2016 est venu le rappeler brutalement : au moins trois soldats burundais avaient alors été tués dans des combats avec l'armée congolaise. Ils n'avaient, cette fois-là, pas prévenu de leur incursion en territoire congolais, selon le rapport.

Trafic d'armes impliquant des officiers burundais

Cette frontière entre le Burundi et la RDC est décidément bien poreuse. Les experts ont en effet également mis à jour un trafic d'armes entre les deux pays. L'œuvre d'officiers burundais, qui achemineraient armes et munitions au nord de l'axe Bujumbura-Uvira, en RDC, jusqu'à la rivière Rusizi qui sépare les deux pays.

La cargaison serait ensuite prise en charge par des piroguiers, qui passeraient le relais à des taxis - motos et voitures -, une fois de l'autre côté de la frontière. La marchandise atterrirait finalement entre les mains des Maï-Maï.

Les experts de l’ONU assurent avoir demandé de plus amples informations au gouvernement burundais, qui n'a pas répondu jusqu'à maintenant.