Burundi : grâce présidentielle pour "améliorer les conditions carcérales"
Justice

@rib News, 25/03/2010 – Source AFP

Nkurunziza PierreLe président burundais Pierre Nkurunziza a signé un décret qui accorde la grâce présidentielle aux prisonniers remplissant un certain nombre de conditions, a annoncé jeudi son porte-parole, au lendemain d'une violente mutinerie dans la principale prison de Bujumbura.

Suivant "une demande des intervenants dans le secteur de la justice", le président Nkurunziza "vient de signer un décret portant mesure de grâce", a annoncé à la presse son porte-parole, Léonidas Hatungimana.

Cette grâce vise "à améliorer les conditions carcérales", selon le décret. M. Hatungimana n'a pas précisé le nombre de détenus concernés.

"Il s'agit d'une remise totale pour les prisonniers condamnés à des peines ne dépassant pas 5 ans, les femmes enceintes ou allaitantes, les prisonniers atteins de maladie incurables, les condamnés âgés de 60 ans et plus et les mineurs de moins de 18 ans", a-t-il indiqué.

"Le président a également décidé de commuer à une peine de 20 ans les condamnés à la perpétuité et de diviser par deux les autres peines déjà prononcées", a ajouté le porte-parole.

Selon M. Hatungimana, "cette grâce ne s'applique pas aux condamnés pour crimes de génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre, viols, assassinats, meurtres, anthropophagie, empoisonnements, atteintes à la sûreté intérieure de l'Etat, détournements de fonds publics".

Cette grâce présidentielle survient au lendemain de violents affrontements qui ont opposé mercredi des détenus de la prison de Mpimba à Bujumbura, à la police, après une tentative d'évasion.

Pour Pierre Claver Mbonimpa, président de l'Association pour la protection des personnes détenues et des droits humains (Aprodeh), "la prison de Mpimba est une véritable poudrière".

Elle "est archibondée, les criminels endurcis sont mêlés aux petits délinquants, et surtout elle héberge plus de 400 anciens soldats, policiers et ex-rebelles très solidaires", a expliqué M. Mbonimpa.

"Nous ne savons pas encore le nombre de prisonniers qui vont profiter de la grâce présidentielle, mais il y aura sûrement un léger mieux dans les prisons", a assuré le porte-parole présidentiel.

"Cette grâce va toucher une partie des 4.112 détenus déjà condamnés, et non les 6.498 personnes en détention préventive", a-t-il expliqué.

Selon des sources pénitentiaires, le Burundi compte plus de 11.000 prisonniers hébergés dans 11 prisons ayant au total une capacité de 4.050 places. Ces prisons sont souvent le théâtre de mutineries en raison des conditions carcérales très dures.