Troublantes attaques à la grenade au Burundi
Sécurité

Deutsche Welle, 29.08.2017

Des attaques meurtrières à la grenade ont lieu depuis plusieurs semaines contre des établissements de nuit nommés "cabarets de vin local". A Bujumbura, la zone de Buyenzi a été le théâtre de plusieurs de ces attaques.

"C’était jeudi vers 19h30. On a entendu l'explosion. On était en train de discuter quand on a vu des éclairs devant nous. Tout le monde s'est couché. Certains sont morts d'autres ont été blessés et sont toujours à l’hôpital."

Toujours effrayé, Liber Nduwimana, qui habite la quinzième avenue à Buyenzi, s’efforce de décrire l'attaque à la grenade dont il a été le témoin dans un cabaret voisin. 

Pierre Nkurikiye, le porte-parole de la Police Burundaise, dresse le bilan des enquêtes après les attaques survenues il y a près de deux semaines : "Deux Rwandais ont été arrêtés et sont interrogés. Toujours dans le cadre des enquêtes en cours, trois autres suspects sont aussi interrogés. Les enquêtes avancent et tous les suspects seront arrêtés et traduits en justice". 

La police explique que ces attaques sont des règlements de compte entre vendeurs de vin de banane. Une version que dément Melchior Magwandi, le gérant d'un des cabarets attaqués et qui a dû fermer son établissement.

"C'est un mensonge. Depuis plus de 15 ans nous travaillons en bonne entente avec nos voisins. Pourquoi est-ce qu'on se battrait pour les clients?  Et si c’était le cas est-ce que vous pensez qu'on commencerait par les tuer, nos clients?"

La multiplication des attaques à la grenade préoccupe les propriétaires de cabarets qui ne considèrent toutefois pas que ces crimes puissent avoir des motifs politiques.

Mais du côté de l'opposition, on estime que les raisons politiques ne peuvent pas être écartées. C'est du moins ce qu'affirme Aloys Baricako du Rassemblement National pour le Changement.

"C'est difficile de séparer les deux. Toutes ces questions de sécurité, de violations de droits sont liées à la gouvernance. Quand il n y a pas de bonne gouvernance alors de pareilles histoires doivent arriver. Ces attaques sont liées justement à cette intolérance, à cette mauvaise gouvernance. S'il y avait de la bonne gouvernance tout pourrait être résolu", a-t-il déclaré. 

La police évoque également la défaillance des comités mixtes de sécurité, qui sont chargés d'épauler les forces de l'ordre, dont l'intervention est mise en cause par la population. A ceci s'ajoutent, toujours selon la police, le manque d’éclairage public et le surpeuplement dans certains quartiers.