Burundi : l'ONU dénonce des «crimes contre l'humanité» et en appelle à la CPI
Droits de l'Homme

RFI, 04-09-2017

Des enquêteurs de l'ONU exhortent la Cour pénale internationale à enquêter de toute urgence sur les crimes contre l'humanité et autres atrocités au Burundi.

Le président de la Commission d'enquête de l'ONU sur le Burundi, Fatsah Ouguergouz (photo), parle d'une attaques « généralisée ou systématique » contre la population civile, et blâme « une politique de l'Etat burundais ».

Les enquêteurs de l’ONU ne mâchent pas leurs mots. Ils attribuent la responsabilité des violations des droits de l’homme, « souvent d’une cruauté extrême », à des responsables au plus haut niveau de l'Etat.

Dans un rapport, ils soulignent que les « grandes décisions » seraient prises, non pas par le gouvernement, mais par le président de la République et une poignée de « généraux ».

La Commission d’enquête sur le Burundi se garde de les nommer, du moins pour l’instant.

Elle assure que ces responsables font souvent appel à des policiers, des militaires, des miliciens et des membres du service national de renseignement. « Plusieurs de ces violations (...) constituent des crimes contre l'humanité », pointe le rapport.

Comme il s'agit de présumés crimes contre l'humanité, les enquêteurs demandent à la Cour pénale internationale d'intervenir.

Mais il y a un hic: le Burundi a déjà annoncé son retrait de la CPI, qui sera effectif le 27 octobre. La Cour de La Haye a donc moins de deux mois pour ouvrir une enquête de son propre chef. Passée cette date, il faudrait une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

Un porte-parole du président du Burundi accuse les enquêteurs de l'ONU de se comporter « comme des mercenaires ». Selon Willy Nyamitwe, un conseiller du président Pierre Nkurunziza, ils ont été « payés pour arriver à des conclusions politiquement motivées ».