Burundi : le parti au pouvoir fulmine contre le Rapport d’enquête de l’ONU
Politique

@rib News, 16/09/2017 – Source Xinhua

L'ONU mise en garde par le parti au pouvoir burundais en cas de validation du rapport de la Commission d'enquête

Le secrétaire général du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD, parti au pouvoir), Evariste Ndayishimiye (photo), a mis en garde samedi à Bujumbura l'Organisation des Nations unies (ONU) en cas de "validation" du rapport final de la Commission d'enquête du Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur le Burundi du 11 août dernier dont la présentation est prévue le 18 septembre prochain à Genève (Suisse).

Pour M. Ndayishimiye, si jamais l'ONU valide ce rapport, elle se sera "décrédibilisé".

Le 4 septembre dernier, cette commission présidée par Fatsah Ouguergouz a rendu son rapport final avant d'exhorter la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête sur le Burundi sur ce qu'elle a qualifié de "violations de droits de l'homme relevant du crime contre l'humanité" commises au Burundi depuis avril 2015.

Selon le secrétaire général du CNDD-FDD, le rapport vise à dresser les instances de la communauté internationale contre le Burundi et de les révolter en vue d'attaquer le pays. "Face à ce complot occidental en général et belge en particulier agissant via certains fonctionnaires de l'ONU, mes compatriotes sont invitées à rester sereins dans la mesure où personne ne saurait vaincre les dix millions de Burundais ainsi soudés autour d'un idéal de paix et d'unité", a-t-il déclaré dans une allocution prononcée à l'ouest de Bujumbura.

Les Burundais devraient dans leur diversité "serrer les coudes pour édifier plutôt une unique communauté de destin sur les ruines des anciennes confrontations ethniques traditionnellement bâties sur une fracture politique hutue-tutsie", a plaidé M. Ndayishimiye, avant de fustiger ce qu'il a qualifié de "traîtrise" parmi certains compatriotes qui "vendraient le Burundi à certains étrangers soucieux de spolier les richesses nationales".

Au cours de la semaine dernier, le contenu de ce rapport de la Commission d'enquête sur le Burundi, a été dénoncé dans des manifestations organisées à Bujumbura par certaines organisations de la société civile burundaises, lesquelles ont convergé pour le qualifier de "faux, biaisé et politiquement orienté".

Ainsi le 10 septembre dernier, la vice-présidente du forum national des femmes burundaises, Ménédore Nibaruta, en marge d'une marche-manifestation contre ce rapport, a salué la "clairvoyance" de l'Union africaine sur la situation burundaise.

En effet, le 8 septembre dernier, le Commissaire chargé de la paix et de la sécurité à l'UA, Smaïl Chergui, a déclaré que l'UA s'oppose à l'ouverture d'une enquête sur le Burundi par la CPI conformément à un appel récent de cette commission juridiction internationale fondée sur le "Statut de Rome".

Sur ce, M. Chergui a précisé que l'Afrique disposait de sa propre juridiction, à savoir la Cour africaine, pour statuer, le cas échéant, sur des affaires interafricaines, en terre africaine.

Pour sa part, Willy Nyamitwe, conseiller principal chargé du Bureau PIC (Presse, Information et Communication) à la présidence de la république burundaise, a réagi à chaud au lendemain de la sortie de ce rapport en le qualifiant de "complot occidental" dirigé contre le gouvernement du président Pierre Nkurunziza.

"Ce ne sont pas des enquêteurs, mais plutôt des mercenaires payés pour valider un rapport narratif déjà en circulation confectionné à partir de certains rapports des Occidentaux, afin d'ouvrir la voie à la CPI", a dénoncé M. Nyamitwe.

La Commission d'enquête sur le Burundi a été créée par la résolution 33/24 du Conseil des droits de l'homme de l'ONU adoptée le 30 septembre 2016.

La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a ouvert un examen préliminaire le 25 avril 2016 sur les violations des droits des humains au Burundi depuis avril 2015.

Les autorités burundaises avaient en revanche expliqué à la procureure de la CPI que l'ouverture d'un tel examen n'était pas nécessaire dans la mesure où l'appareil judiciaire burundais était compétent pour statuer sur tous les crimes commis dans le pays, a fait remarquer le 9 septembre à Bujumbura dans une conférence de presse Sylvestre Nyandwi, procureur général de la république du Burundi.

Le 27 octobre 2016, le Burundi a notifié sa décision de se retirer de la CPI en lui reprochant "son manque d'indépendance", un retrait qui deviendra effectif un an après sa notification.

Le Burundi a plongé dans une crise sans précédent depuis avril 2015 à la suite de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, l'acte considéré par l'opposition comme anti-constitutionnelle, mais jugé légitime par la Cour constitutionnelle.