Le dialogue interburundais, sans l'opposition en exil, débute dans la douleur
Politique

RFI, 28-11-2017

Le facilitateur dans la crise burundaise avait annoncé un quatrième et dernier round du dialogue interburundais qui devait commencer lundi 27 novembre et se clôturer dans deux semaines, le 8 décembre, par la signature d'un accord de sortie de crise devant les chefs d'Etat de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Est, qui l'ont mandatée. Cette session, annoncée comme « totalement inclusive », a commencé dans la douleur, car les difficultés n'ont pas tardé à voir le jour. [Photo : Hôtel Ngurdoto Mountain Lodge, qui accueille les pourparlers inter-burundais à Arusha.]

Il y a d'abord eu l'opposition en exil et la société civile indépendante, qui ont décidé de boycotter cette session parce qu'ils n'avaient pas été tous invités. Le facilitateur Benjamin Mkapa a donc décidé de reporter l'ouverture solennelle de cette session, pour mardi à 10 h locale, afin de permettre à ceux qui auraient changé d'avis de les rejoindre.

Au final, seulement deux ou trois ont franchi le pas, de quoi porter un coup au caractère « inclusif » de cette session puisqu'il n'y aurait qu'une vingtaine d'opposants, presque tous en provenance de Bujumbura, sur la centaine de délégués réunis à Arusha.

Puis, le pouvoir burundais s'est mis à son tour à ruer dans les brancards. Ses représentants ont vu rouge lundi soir en lisant le programme concocté par le facilitateur Benjamin Mkapa, car ils ne veulent pas entendre parler du mot « dialogue », ni de la signature d'un accord de sortie de crise à l'issue de ces deux semaines de discussions.

Mais surtout, Bujumbura a lancé un processus de révision de la Constitution qui doit permettre au président Pierre Nkurunziza de briguer deux nouveaux mandats de 7 ans à partir de 2020, il refuse tout net que cette question soit à l'agenda d'une session qu'il veut confiner dans les limites d'un simple « dialogue ».

Du coup, Mkapa n'a pu finalement lancer officiellement cette session qu'en milieu d'après-midi, après avoir discuté pendant des heures avec les délégués du pouvoir burundais.

Qu'ont-ils obtenu ? Personne ne sait, les journalistes présents sur place ont été chassés manu militari dès lundi soir.