Marginalisation continue des Batwa du Burundi
Droits de l'Homme

PANA, 04/08/2008

Bujumbura, Burundi - Les Batwa du Burundi (Pygmées, en langue nationale, le Kirundi) vont faire l'objet d'une attention particulière dans le cadre d'une Semaine de réflexion qui a débuté ce lundi, avec pour principal objectif de dégager différentes stratégies à mettre en oeuvre pour réhabiliter ces populations longtemps marginalisées, a-t-on appris de source officielle à Bujumbura.

Les Batwa représentent 1% de l'ensemble de la population burundaise et constituent l'une des trois composantes ethniques du pays, loin derrière les Hutu majoritaires (84%) et les Tutsi (14%) dans un pays peuplé en tout par un peu plus de 8 millions d'âmes.

La marginalisation des Batwa du Burundi est une réalité aujourd'hui encore palpable qui fait qu'ils continuent à vivre dans une infériorité sociale portant atteinte à leur dignité d'êtres humains.

Les statistiques officielles en matière d'éducation et de santé révèlent que seulement 12% des enfants Batwa en âge scolaire sont effectivement scolarisés et que 90% des Batwa du Burundi n'ont pas accès aux soins de base.

C'est aussi une population "sans terre" dans un pays où la population vit généralement de l'agriculture et de l'élevage.

La chasse et la cueillette ne font plus vivre les Batwa du Burundi au rythme où s'amenuisent les forêts.

La poterie ne sert plus à grand-chose, car la mode est à l'usage d'ustensiles de cuisine en aluminium au grand dam des Batwa qui en ont longtemps fait leur métier générateur de moyens de subsistance.

Sur le plan politique, la représentation des Batwa reste également symbolique et ce n'est que récemment qu'un petit nombre d'entre eux ont fait une timide entrée dans certaines institutions étatiques par cooptation, comme au Sénat et à l'Assemblée nationale.

La ministre burundaise de la Solidarité nationale, du Rapatriement, de la Reconstruction nationale, des Droits de la personne humaine et du Genre, Mme Immaculée Nahayo, a apporté un peu du baume au cœur des Batwa, lors de l'ouverture de la Semaine de réflexion, en déclarant que le gouvernement est en train d'élaborer des projets de loi qui permettront à moyen terme de s'attaquer résolument à tous les problèmes d'éducation, d'habitat, de terre et de santé qui assaillent aujourd'hui encore la communauté défavorisées des Batwa.

Le coordonnateur de l'association, "Unissons-nous pour la promotion des Batwa", Vital Bambanze, de son côté, n'a pas voulu prendre immédiatement les promesses gouvernementales pour de l'argent comptant.

L'association attend de voir figurer un jour dans le budget de l'Etat ces promesses gouvernementales de promotion des Batwa pour réellement y croire, a laissé entendre M. Bambanze.

Les Batwa du Burundi partagent le même sort de peuple opprimé avec d'autres milliers de Pygmées d'Afrique centrale et de la région des Grands Lacs encore oubliés dans les forêts de la RD Congo, du Cameroun, du Congo, de la Centrafrique, de la Guinée équatoriale, du Gabon, de l'Ouganda et du Rwanda.