Le président burundais tire un bilan positif de 2017
Politique

PANA, 01 janvier 2018

Bujumbura, Burundi - L’année 2017 s’est achevée dans la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire burundais, ce qui explique les progrès jugés « significatifs » dans d’autres domaines, notamment socio-économiques, a souligné, en substance, le chef de l’Etat burundais, Pierre Nkurunziza (photo), dans son message radiotélévisé de nouvel an à la nation, diffusé en Kirundi, la langue nationale.

« Nous félicitons tous ceux qui ont œuvré à cette paix, notamment la population, l’administration, les corps de défense et de sécurité, les services judiciaires, sans oublier les amis du Burundi pour leur apport au développement socio-économique national », a mentionné le président burundais, dans son message à la nation.

 « Ayons toujours à cœur notre chère patrie, n’oublions pas d’où nous venons et sachons où nous voulons aller», a-t-il insisté auprès des citoyens épris de paix.

Au Burundi, les années précédentes avaient été rendues particulièrement difficiles par la crise politique autour des élections controversées et émaillées de violences de 2015.

S’agissant des dividendes de la paix retrouvée, le président burundais a fait état de 215.000 réfugiés qui sont rentrés d’exil dans les pays voisins, principalement en Tanzanie où étaient établis plus de la moitié des 430.000 demandeurs d’asile burundais connus du Haut- commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr).

Le chef de l’Etat a réitéré l’appel et la disponibilité du gouvernement à accueillir tous les Burundais qui voudront rentrer au bercail volontairement, moyennant des garanties de sécurité de leurs personnes et de leurs biens.

La paix et la sécurité sont « indéniables », a-t-il insisté, chiffrant à 310 bandes de malfaiteurs démantelées en 2017, 128 fusils de différents calibres et 1.585 engins explosifs, essentiellement des grenades, saisis.

Le Président Nkurunziza a laissé entendre que le combat qui reste à gagner est celui du développement socio-économique et de l’éradication à jamais des divisions basées sur les ethnies en tant qu’« héritage de l’époque coloniale » allemande et belge.

Dans le domaine économique, l’année écoulée a permis la collecte de 753 milliards de francs burundais de taxes et impôts (un peu plus de 430 millions de dollars américains), sur des prévisions initiales de l’ordre de 720 milliards de francs (411 millions de dollars), soit une hausse de 18% par rapport à 2016, selon la même source.

Par ailleurs, le Président Nkurunziza a rappelé que son pays a commencé à exploiter le secteur minier, notamment le coltan, les terres rares, l’or et l’argent dans différents endroits du pays.

En ce qui concerne le secteur de l’énergie, une convention a été signée entre la régie nationale de production de l’eau et de l’électricité et la société d’importation des hydrocarbures, « Interpetrol » pour produire 30 mégawatts supplémentaires et cela se traduit déjà par le retour du courant continu, surtout à Bujumbura, la capitale politique et économique du Burundi, a-t-il relevé.

D’autres projets de grands barrages hydroélectriques sont en chantier pour étendre le courant à l’intérieur du pays, de même qu’il est prévu la vulgarisation des énergies renouvelables, notamment le solaire, selon la même source.

S’agissant des travaux publics, le chef de l’Etat burundais a fait état de 94 km de routes bitumées qui ont été réceptionnées l’année écoulée, et la construction d’un nouveau palais présidentiel en cours d’achèvement sur les hauteurs nord-est de Bujumbura, avec l’aide technique et financière chinoise.

Quant aux grands chantiers socio-politiques et économiques de l’année 2018, le président burundais a cité la consolidation de la paix, de la sécurité, de l’unité nationale, la lutte contre le terrorisme, contre la corruption, la création d’emplois pour les jeunes, ainsi que le rapatriement des derniers réfugiés.

D’autres projets d’envergure annoncés pour 2018 ont trait à un chantier d’un second port à Rumonge, une ville des abords sud-ouest du Lac Tanganyika et à la réhabilitation du vieux port de Bujumbura.

Les travaux d’agrandissement et de modernisation de l’unique aéroport d’envergure internationale à Bujumbura, démarreront également courant 2018, a-t-il encore annoncé.

D’autres projets à l’agenda de 2018 concernent la poursuite de la politique d’harmonisation des salaires des fonctionnaires de l’Etat, la protection de l’environnement, les soins gratuits pour femmes enceintes et enfants de moins de cinq ans ainsi que la gratuité de l’enseignement primaire.

Dans le domaine de la diplomatie, le chef de l’Etat burundais a parlé de la poursuite du renforcement des relations « avec les pays qui respectent la souveraineté nationale ».

Le Burundi connaît un isolement sur la scène internationale de la part de ses principaux partenaires techniques et financiers traditionnels, notamment l’Union européenne (UE) pour cause de la crise politique persistante depuis plus de deux ans dans ce pays africain des Grands lacs.

Sur le plan politique, le président burundais a insisté auprès de la population à répondre présente et massivement au référendum sur une nouvelle Constitution amendée, courant 2018.

Sur un total de 305 articles de la Constitution de 2005, 89 ont été proposés à l’amendement avec comme innovations majeures, le passage du quinquennat au septennat, en ce qui concerne le mandat présidentiel, et l’introduction d’un poste de Premier ministre, «chef du gouvernement ».

Le chef de l’Etat, à qui ses adversaires politiques prêtent l’intention de faire réviser la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, a remercié, à la fin de son allocution, les citoyens ayant déjà entendu l’appel à contribuer à la caisse des prochaines élections générales de 2020 pour contourner les réticences de la Communauté internationale.

C’est via les réseaux sociaux que des opposants politiques connus, comme l’ancien homme fort du parti au pouvoir, Hussein Radjabu, est sorti de la clandestinité pour contrarier ce bilan, en pointant l’insécurité persistante, la pauvreté grandissante, les restrictions aux libertés publiques et en appelant à la résistance populaire contre le régime burundais.