Burundi : la "non-extradition de tout Burundais" divise la classe politique
Politique

@rib News, 23/01/2018 – Source Xinhua

La clause de "non-extradition de tout Burundais" contenue dans le projet de nouvelle Constitution qui sera soumis en mai prochain à un référendum divise profondément la classe politique burundaise, particulièrement les personnalités politiques de la mouvance gouvernementale et celles de l'opposition.

L'alinéa 2 de l'article 50 de ce projet est ainsi libellé : "Aucun Burundais ne peut être extradé".

Lors d'un point de presse mardi à Bujumbura, Térence Ntahiraja, porte-parole du ministère de l'Intérieur et de la Formation patriotique, a indiqué que cette nouvelle clause constitutionnelle était la bienvenue à plusieurs égards.

"Elle incarne en elle-même une ferme volonté politique de remettre à l'honneur le principe de la souveraineté nationale et de l'indépendance de la magistrature burundaise", a-t-il estimé.

Selon lui, le Burundi a défini cette orientation politique pour "renforcer ses propres juridictions", car, les lois burundaises répriment à ses yeux de façon exemplaire tous les crimes graves, dont ceux relevant du droit international, en l'occurrence les crimes de génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre.

Cependant, a nuancé M. Ntahiraja, même si la protection de la souveraineté nationale reste au cœur de cette réforme politico-juridique, il n'en demeure pas moins vrai que le Burundi reste attaché aux conventions internationales auxquelles il est lié par des actes de ratification, pour autant qu'elles ne violent pas les lois burundaises.

Seulement, a-t-il insisté, le législateur burundais a édicté cette nouvelle disposition constitutionnelle pour protéger les citoyens nationaux contre toute velléité étrangère visant à saper les efforts internes menés dans le cadre de la sauvegarde de la souveraineté nationale.

En revanche, Léonce Ngendakumana, le vice-président du Front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU, opposition), a répliqué lors d'une conférence de presse que cette clause de non-extradition de tout Burundais pour être jugé en terre étrangère vient plutôt "isoler le Burundi dans le concert des nations et torpiller le principe sacro-saint de réciprocité diplomatique".

L'inclusion de cette clause est "déplorable", a-t-il dénoncé, avant de laisser entendre qu'elle vient "asseoir l'impunité du crime international au Burundi et viole les conventions et pactes internationaux que le Burundi a ratifiés".

Pour M. Ngendakumana, l'inclusion dans la future Constitution de cette clause "controversée" est une "grave" erreur de la part du législateur burundais, dont les effets "néfastes" seront ressentis dans les années à venir.