Une trentaine de miliciens congolais fuient au Burundi
Sécurité

Voice of America, 31 janvier 2018

Les combats entre l'armée et des rebelles dans l'est de la République démocratique du Congo se sont traduits par la fuite d'une trentaine de miliciens accueillis au Burundi et par la reprise d'une de leurs positions stratégiques en RDC selon le correspondant de VOA Afrique.

L'armée congolaise mène depuis plusieurs jours une opération contre la milice des Yakutumba (du nom d'un ex-officier de l'armée congolaise passé à la rébellion) dans la région de Fizi, à proximité du lac Tanganyika.

Selon le capitaine Dieudonné Kasereka, porte-parole adjoint des FARDC au Sud-Kivu, après plusieurs attaques de la 2212e flotte navale de l’armée congolaise contre les positions de Maï-Maï Yakutumba du 28 au 29 janvier dans la presqu’ile d’Ubwari, la presqu’ile est enfin sous le contrôle des FARDC. Le capitaine Kasereka ajoute que les rebelles et leurs leaders sont en fuite vers le Burundi.

Selon lui, il n’y a pas eu des affrontements à proprement parlé la nuit du mardi car les Maï-Maï, profitant du répit observé après le pilonnage de l’armée le dimanche passé, se sont retranchés discrètement de la presqu’île.

La source de VOA Afrique parle de mouvement de population important craignant des représailles de l’armée pour avoir cohabité pendant plus de cinq mois avec les rebelles.

Selon l’organisation non gouvernementale du Centre indépendant de recherche et d’études stratégiques (Cireski) au Kivu, depuis le début des opérations des FARDC pour déloger les Maï-Maï Yakutumba en territoire de Fizi, il y a eu plusieurs déplacés internes et réfugiés dans la population civile.

Cireski avance un chiffre de plus de 8.000 habitants qui ont fui vers le Burundi et environs 10.000 déplacés internes arrivés principalement dans la cité de Baraka, à Mboko et même à Uvira via le beach de Maendeleo.

L’opinion locale à Uvira salue la prouesse de l’armée régulière qui vient de démanteler en dix jours les Maï-Maï du général autoproclamé William Amuri, dit Yakutumba, libérant ainsi une vingtaine d’agglomération du secteur de Ngandja et Mutambala à Fizi.

Certains habitants d’Ubwari contactés par VOA Afrique affirment que certaines troupes de Yakutumba ont fui en dehors du Congo, via le lac Tanganyika, mais ils doutent que le leader de cette rébellion et ses lieutenants se soient rendus dans un pays étranger.

Ils pensent qu’ils se seraient retranchés au sud de la foret de Ngandja toujours en RDC.

Accueillis à Rumonge

Néanmoins, selon la police burundaise, 37 miliciens Yakutumba ont été accueillis à Rumonge au Burundi pour des raisons de santé depuis le début de la semaine.

Comme les milliers de réfugiés fuyant le conflit, ils ont traversé le lac Tanganyika sur des embarcations de fortune.

"Ils étaient à bord d’une pirogue, (...), et quatre parmi eux portaient des blessures par balle", a précisé l'une de ces sources, ajoutant qu’ils ne portaient pas d’armes.

Au Burundi, les miliciens blessés ont été admis à l’hôpital de Rumonge, selon un militant de la société civile qui affirme les avoir vu à l’hôpital.

Deux ont été blessés à la cuisse, un troisième sous l’omoplate un quatrième au visage, a-t-il détaillé.

"Les autres ont passé la nuit dans le port de Rumonge, sous bonne garde policière", a précisé la même source, ce qui a été confirmé par une source policière.

Les deux sources assurent que l’un d'entre eux est l'un des principaux lieutenants de la milice Yakutumba.

Les combats ont provoqué l'arrivée d'un millier de nouveaux réfugiés congolais au Burundi depuis le début de la semaine, d'après la police burundaise.

La semaine dernière, environ 7.000 Congolais fuyant des combats, ont été accueillis au Burundi.

La quasi-totalité des réfugiés accueillis dans le sud du Burundi ont déjà été transférés dans les camps de transit de Songore dans la province de Ngozi (nord), de Nyabitare dans Ruyigi (est) et Gitara dans la province de Makamba (sud).

Ernest Muhero, correspondant à Bukavu