Burundi : La frondeuse repentie Alice Nzomukunda investie au Conseil de l’unité
Politique

PANA, 06 février 2018

Burundi : Investiture des membres du Conseil national pour l’unité

Bujumbura, Burundi - Les sept membres du nouveau Conseil national pour l’unité et la réconciliation ont prêté serment, mardi, sur l’engagement d’accomplir leur mission avec «impartialité et dévouement», dans une cérémonie haute en couleurs, présidée par le chef de l’Etat, Pierre Nkuzunziza, au Parlement burundais, a-t-on constaté sur place. [Photo : Le président Nkurunziza salue Mme Alice Nzomukunda après sa prestation de serment comme vice-présidente du Conseil National pour l'Unité et la Réconciliation.]

Nommés par décret un mois avant, les sept membres ont été investis solennellement au lendemain de la célébration du 27ème anniversaire de l’adoption de la Charte de l’unité et 18 ans après la conclusion de l’accord d’Arusha, en Tanzanie, qui prévoit un certain nombre de mécanismes de cohabitation pacifique au Burundi.

En plus du Conseil de l’unité, l’accord de sortie de la guerre civile à caractère ethnique, des années 1990-2000, a encore prévu la mise en place de la Commission pour la vérité et la réconciliation (CVR), ainsi que la Commission pour la prévention du génocide.

Le Conseil de l’unité a été placé sous la présidence de Guillaume Ruzoviyo, un descendant de la lointaine monarchie burundaise.

Les nostalgiques de la monarchie rappellent que c’est à cette époque que le Burundi a connu sa plus longue période de stabilité politique et de cohabitation harmonieuse entre les trois principales communautés ethniques des Hutu, des Tutsi et des Batwa (Pygmées).

A la fin de la période monarchique, les rivalités ethniques n’ont cessé d’endeuiller le Burundi, notamment en 1972, en 1988, en 1993, en 1994, en 1996 et en 1997.

La Vice-présidence du Conseil de l’unité est revenue à une Républicaine, Mme Alice Nzomukunda, issue de la communauté majoritaire des Hutu du Burundi.

Cette ancienne vice-présidente de la république revient au devant de la scène politique nationale après une longue période d’exil, en Belgique, depuis les dernières élections controversées et émaillées de violences de 2015.

La frondeuse repentie était récemment encore la trésorière du Conseil national pour la défense de l’Accord inter-burundais d’août 2000, à Arusha, en Tanzanie sur la paix, la réconciliation et l’Etat de droit (CNARED, principale plateforme de l’opposition intérieure et en exil).

En plus des équilibres ethniques et de genre voulus par l’accord d’Arusha et la Constitution, les confessions religieuses sont également représentées, au sein du Conseil de l’unité, par le prélat de l’Eglise protestante du Burundi, Mgr Justin Nzosaba.

Le prélat dirigeait, récemment encore, la Commission du dialogue politique national visant à sortir le pays de la crise électorale de 2015.

L’autre membre connu du Conseil de l’unité est Adolphe Rukenkanya, un ancien ministre burundais de la Jeunesse, des Sports et de la Culture.

Les deux membres restants, Adolphe Bazonyica et Mme Médiatrice Bizabishaka, sont des nouveaux venus sur la scène politique nationale, pour nombre de Burundais.

La tâche du Conseil ne s’annonce pas de tout repos, comme le rappelait, la veille encore, le chef de l’Etat burundais, lors des cérémonies commémoratives du 27ème anniversaire de la Charte de l’unité nationale.

Le président Nkurunziza a dénoncé des politiciens qui attisent et entretiennent des divisions ethniques pour des intérêts personnels.

Le chef de l’Etat burundais a, également, parlé d’un héritage colonial, basé sur la politique du «diviser pour régner» et qu’il entend combattre par tous les moyens pour ne pas léguer un avenir sombre et accablant aux générations montantes.

Le Burundi fut, tour à tour, une colonie allemande, puis Belge, jusqu'en 1962, date de son accession à la souveraineté nationale, rappelle-t-on.

Le pays attire encore l'attention de la communauté internationale et depuis le mois d’octobre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a lancé des enquêtes sur des "crimes contre l'humanité" supposés avoir été commis à l'ombre de la crise socio-politique autour des élections controversées et émaillées de violences de 2015.

On a encore assisté à des tentatives d’ethniciser la crise, partie en avril 2015, de l’officialisation de la candidature de l’actuel chef de l’Etat à un troisième quinquennat, depuis 2005, jugé contraire à la Constitution et à l’accord d’Arusha.