En Tanzanie, les libertés publiques continuent de reculer
Afrique

RFI, 11-03-2018

Tanzanie : le président Magufuli promet de réprimer d'éventuelles manifestations

Des opposants tanzaniens se sont récemment élevés contre les atteintes à la liberté d'expression ciblant des parlementaires et même des artistes. Le président John Magufuli accuse ses détracteurs de vouloir organiser des manifestations dans l’espoir de déstabiliser son gouvernement et affiche un message de fermeté. [Photo : Portrait du président Magufuli sur un mur dans la capile tanzanienne.]

En Tanzanie, les libertés publiques continuent de reculer : un opposant a récemment été condamné à cinq ans de prison pour outrage au chef de l’État. D’autres ont eu moins de chance et sont toujours portés disparus. Des partis d’opposition et des défenseurs des droits de l’homme envisagent d’appeler les Tanzaniens à manifester.

Mais dans une allocution ce vendredi 9 mars, le président Magufuli a prévenu qu’il n'hésitera pas à employer la manière forte pour étouffer tout mouvement de protestation.

« Il y a des gens dans ce pays qui veulent provoquer une situation de crise. Ils ne veulent pas d’un processus politique en bonne et due forme. Ils veulent descendre dans la rue tous les jours. Je tiens à les mettre en garde : s’ils essaient de manifester, nous allons régler leur affaire et ils pourront toujours s’en plaindre à leurs parrains », a déclaré le président tanzanien.

Les activités politiques suspendues

Dans les faits, les activités politiques, notamment les débats, meetings et manifestations, sont suspendues jusqu’aux prochaines élections, en 2020. Tant pis si ces libertés sont, en principe, garanties par la Constitution.

L’Église catholique s’est émue, en février, de voir le président piétiner la loi suprême. Dans une lettre pastorale, les évêques reprochaient aussi au gouvernement de Dodoma d’avoir interdit ou suspendu des médias trop critiques.

L’Église dit craindre que les atteintes à l’Etat de droit ne débouchent sur « la haine et la division », qui pourraient à leur tour menacer la paix et l’unité nationale.