Burundi : appel pour "la justice" sur le meurtre du président Ntaryamira
Politique

@rib News, 07/04/2018 – Source Xinhua

Burundi : la classe politique réclame "la justice" sur le meurtre du président Ntaryamira il y a 24 ans au Rwanda

La classe politique burundaise a réclamé vendredi "la justice" sur le meurtre de l'ancien président burundais Cyprien Ntaryamira en terre rwandaise, à l'occasion du 24ème anniversaire de l'assassinat de ce dernier.

Le président Ntaryamira a été tué le 6 avril 1994 au-dessus de l'aéroport international de Kanombe (Kigali) "au cours des circonstances non encore élucidées", dans l'avion qui transportait son homologue rwandais d'alors Juvénal Habyarimana et qui les ramenaient de Dar-Es-Salaam (Tanzanie) où ils venaient de prendre part à un sommet régional sur la recherche des solutions à la guerre civile interburundaise de l'époque.

Le chef d'Etat burundais, Pierre Nkurunziza, a rehaussé vendredi de sa présence à Bujumbura les cérémonies du 24ème anniversaire de l'assassinat du président Ntaryamira, tué avec deux de ses ministres qui faisaient partie de sa délégation, à savoir le ministre du Plan, Bernard Ciza, et le ministre de la Communication, Cyriaque Simbizi.

Dans un communiqué publié à cette occasion en kirundi (la langue nationale), le Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD, au pouvoir), s'est dit "surpris et angoissé", de constater que 24 ans après la disparution "tragique" des trois personnalités burundaises, la justice ne soit pas encore faite pour faire éclater toute la vérité sur ce meurtre.

Depuis l'éclatement de la crise électorale burundaise d'avril 2015 à ce jour, les relations politico-diplomatiques entre le gouvernement burundais du président Pierre Nkurunziza et le gouvernement rwandais du président Paul Kagame, se sont détériorées.

Bujumbura dénonce sans cesse des "actes de déstabilisation politique" entretenus par le régime rwandais à son égard ; ce que Kigali a toujours nié.

Pour le président de l'Union pour le Progrès National (UPRONA ; 2ème parti politique au pouvoir), Abel Gashatsi, le gouvernement du Burundi et celui du Rwanda gagneraient plutôt à "enclencher un processus politique d'apaisement régional" dans l'ultime but de satisfaire à leurs "intérêts mutuellement avantageux".

Le gouvernement rwandais devrait faire preuve de bonne coopération pour que toute la lumière soit établie sur le meurtre de cet ancien chef d'Etat burundais. "En effet, en cas d'assassinat d'un chef d'Etat burundais, l'Etat Burundi ou ses ayant-droits, ont la latitude d'engager des poursuites judiciaires, pour obtenir la justice dans le cadre de la préservation de la dignité nationale", a souligné M. Gashatsi.

Pour sa part, le secrétaire général du Front de la Démocratie au Burundi (FRODEBU ; formation politique du feu président Ntaryamira), Pierre-Claver Nahimana, a indiqué que son parti est "beaucoup peiné", de constater "qu'aucune lumière ne soit encore établie sur la mort du président Ntaryamira" 24 ans après sa disparition en terre rwandaise.

"Dans cette région africaine des pays des Grands-Lacs, il existe une mauvaise tradition politique d'assister à l'assassinat des dirigeants. En effet, les chefs d'Etat locaux sont, de temps à autre, sauvagement assassinés ; et, hélas, on relève que les lendemains de tels drames sont vécus normalement comme si rien de grave ne s'était pas passé", s'est indigné M. Nahimana.