Lancement de la Campagne virale I LOVE / I LEAVE BURUNDI
Droits de l'Homme

FIDH, 15/05/2018

La FIDH et We Are Social alertent sur la situation désastreuse du Burundi avec la campagne “I LOVE / I LEAVE BURUNDI”

A en croire certains zélateurs du régime, le Burundi serait une contrée “paisible”, caractérisée par ses “paysages paradisiaques”, son peuple accueillant, sa biodiversité exceptionnelle, sa faune riche en léopards et hippopotames... Un décor de carte postale idyllique qui tranche avec la brutale réalité politique du pays.

En trois ans, les violences politiques ont fait plus de 1700 morts et poussé 400000 nouveaux burundais vers l’exil. Cette crise et ces réfugiés sont largement « oubliés », l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) n’ayant recueilli que 9 % des fonds nécessaires pour leur venir en aide en 2018...

Pour répondre au pouvoir Burundais, qui organise cette semaine un référendum consacrant la dérive autocratique du régime, et contribuer à interpeller l’opinion publique sur la dramatique situation du pays et de ses réfugiés, la FIDH* et l’agence We Are Social ont imaginé une campagne en deux temps : un film, I love Burundi, met en scène une version édulcorée du Burundi tel qu’il est présenté par ses dirigeants… avant de rétablir certaines vérités, moins glorieuses, avec I leave Burundi.

I LOVE BURUNDI

Il y a quelques jours, une nouvelle agence de voyage, Destination Burundi, fait son apparition sur les réseaux sociaux. Elle met en ligne une campagne touristique promotionnelle, intitulée “I love Burundi”, dévoilant une vision lénifiante et idyllique du pays. Finis les amalgames et préjugés ! Le Burundi est aujourd’hui un territoire jeune, divers et coloré, tourné vers les promesses de l’avenir.

Dans le film, des habitants racontent la beauté de leur pays et les images défilent : une rencontre avec l’accueillant et chaleureux peuple burundais ; des collines verdoyantes à perte de vue ; la faune sauvage, les parcs nationaux, une flore exceptionnelle, le Lac Tanganyika et autres merveilles de la nature. “I Love Burundi” est une invitation à découvrir le Burundi, portée par la voix de son peuple.

Vraiment ?… pas si sûr.

I LEAVE BURUNDI

Aujourd’hui est révélée la suite de ce film touristique, qui dévoile l’envers du décor. On découvre que les voix qui vantaient les mérites du Burundi dans le film sont en fait... celles de réfugiés burundais, forcés à quitter leur pays. Alors, si le Burundi est si beau, pourquoi 400000 personnes ont-elles été contraintes de partir ?

Ces trois dernières années, 400000 Burundais ont dû quitter le pays, plongé dans une nouvelle spirale de violences et de répression depuis que son Président : Pierre Nkurunziza, a décidé en avril 2015 de se présenter à un troisième mandat, au mépris de sa constitution. Tortures, disparitions forcées, assassinats, arrestations et détentions arbitraires… le quotidien des burundais, des opposants et de la société civile indépendante, a sombré dans la terreur. Au point que la Cour Pénale Internationale a autorisé le 25 octobre 2017 l’ouverture d’une enquête sur les crimes contre l’humanité qui auraient été commis au Burundi.

Entre avril 2015 et le 6 mai 2018, la Ligue ITEKA a répertorié 1710 meurtres, 486 cas de disparitions forcées, 558 victimes de torture et 8 561 arrestations arbitraires, majoritairement liés à la crise politique et à la répression du régime.

Face à cette situation, le pouvoir dictatorial n’a qu’une réponse : le déni.

Pour répondre à un pouvoir qui joue la carte (et l’illusion) d’un pays “apaisé”, la FIDH* et We Are Social ont imaginé un dispositif orchestré en deux temps :

- D’abord, la vidéo I LOVE BURUNDI, un faux film touristique spécialement conçu pour les réseaux sociaux, et dressant un portrait « carte postale » du Burundi. 

- Ensuite, le deuxième volet de la campagne : I LEAVE BURUNDI, qui rétabli certains réalités et donne la parole à des opposants qui n’ont eu d’autres choix que de s’exiler pour fuir terreur et répression.