Référendum au Burundi : vers un président choisi par Dieu et (ré) élu à vie ?...
Politique

Mediapart, 17 MAI 2018

Qui s'intéresse au Burundi ces jours ci? C'est pourtant ce jeudi 17 mai 2018 que s'est tenu, dans ce petit pays de l'Afrique des Grands Lacs, le référendum constitutionnel contesté qui devrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu'en 2034, et de finir de concentrer tous les pouvoirs entre ses mains...

Qui s'intéresse au Burundi ces jours ci?

Le pays connait des troubles importants depuis trois ans, depuis que son président, Pierre Nkurunziza, s'est présenté (et a été réélu) pour un troisième mandat en 2015. Briguer un troisième mandat était en effet en violation flagrante de l'accord de paix signé en 2000 à Arusha, accord qui avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile qui a fait plus de 300 000 morts en 10 ans.

Le Burundi a même connu, à l'été 2015, un coup d'état qui a avorté...

Aujourd'hui, cette ancienne colonie allemande puis belge, qui fait partie des pays les plus pauvres du monde, est littéralement au bord de la guerre civile.

C'est ainsi qu'il y a quelques jours, par exemple, une attaque aveugle en mode "Bataclan" a fait 26 morts dans un village, principalement des femmes et des enfants.

Cette attaque sanglante et aveugle n'a pas encore été ni revendiquée ni encore moins élucidée à ce jour.

Par ailleurs, au quotidien, les diverses forces de répression, ainsi que leurs supplétifs les redoutés miliciens Imbonerakure (l'organisation des jeunes du parti au pouvoir) font régner la terreur armés de machettes et de gourdins, menaçant (et rackettant au passage) la population et passant à tabac avec une grande violence les opposant.e.s ou même celles et ceux qui ont le malheur de dire publiquement qu'ils ou elles ne vont pas voter ou vont voter non à ce référendum...

Outre les très nombreux emprisonnements, accompagnés souvent de tortures, d'opposant.e.s, le pays connait également une vague de "disparitions forcées" qui masquent bien souvent des exécutions extrajudiciaires et laissent les familles dans un désarroi atroce.

(à noter que les radios Voice of America et la BBC, qui émettaient en langue Kirundi comprise par tou.te.s y compris au fin fond de la campagne, ont récemment été interdites, car elles donnaient censément trop souvent la parole à des partisans du NON au référendum à quelques semaines de celui-ci... C.Q.F.D.)