Le référendum constitutionnel de trop
Politique

Deutsche Welle, 25.04.2018

Cette semaine dans la presse allemande, il est question entre autres du référendum au Burundi et de la zone de libre échange sur le continent africain voté en mars dernier par les dirigeants africains.

"Sans limite". C’est le titre donné par la Süddeutsche Zeitung à son article sur le président burundais et son référendum constitutionnel. Celui qui se fait appeler "Guide éternel" peut désormais rester éternellement au pouvoir comme certains de ses homologues africains a estimé le quotidien de Munich.

Le "Oui" sans surprise

Pour ce journal, le restaurant "La Détente", à Bujumbura, est réputé pour sa cuisine approximative, avec des poissons du lac Tanganyika, mais dans ce restaurant lundi dernier, à la place de la bonne cuisine, c’est la très controversée, Commission électorale indépendante du Burundi qui a servi sur un plateau d’or les résultats du référendum au président, lui permettant de s’éterniser au pouvoir.

Pour le quotidien bavarois, tout comme la cuisine du restaurant "La Détente", rien n’était attendu de ce référendum – pas même une surprise. Le "Oui " l’a emporté comme l’a signifié le président Nkurunziza lors de la campagne. En réalité, le texte de la constitution élaboré de façon unilatérale par le parti au pouvoir et soumis au référendum dans des conditions très opaques, va permette à Pierre Nkurunziza de rester président jusqu'à 2034.

Crainte de nouvelles violences

Au Burundi, rappelle la Süddeutsche Zeitung, des opposants sont intimidés ou tués, plus de 1 200 personnes ont été victimes d'assassinats politiques au cours des trois dernières années et quelque 400 000 personnes ont fui à l'étranger. Il faut s'attendre à ce que la situation se détériorer plus si rien n’est fait, avertit le quotidien.

Les efforts entrepris par l’Union africaine pour résoudre la crise n’ont rien donné pour l’instant. Malheureusement déplore la Süddeutsche Zeitung, de nombreux autres présidents en Afrique de l'Est cherchent à modifier la Constitution de leurs pays pour rester plus longtemps au pouvoir.

Le journal bavarois cite le président Yoweri Museveni de l’Ouganda, âgé de 73 ans, qui a fait supprimer de la constitution, la limite d'âge de 75 ans. Les 32 ans au pouvoir ne lui suffisent toujours pas. Au Rwanda voisin, le président Paul Kagame a levé la restriction de deux mandats et a été réélu à 99%.

Sauf qu’au moment où le Burundi régresse économiquement, la capitale du Rwanda, Kigali, elle, est devenue une métropole moderne et le constructeur allemand, Volkswagen prévoit d'y ouvrir une usine à la fin du mois de juin.

Zone de libre échange en Afrique

La Frankfurter Allgemeine Zeitung s’est intéressée, elle,  à la zone de libre échange sur le continent. Pour le journal de Francfort, l’instauration de cette zone promet une sécurité juridique. Selon la FAZ, bien que de nombreuses grandes entreprises allemandes considèrent le continent africain comme stratégique, l'Allemagne est à la traîne en matière d'investissements directs dans les pays africains.

Les raisons de cette hésitation sont principalement l'incertitude juridique, les obstacles administratifs et la corruption selon le quotidien. L'accord sur la zone de libre-échange, signé en mars dernier par 44 des 55 pays africains pourrait maintenant changer tout cela. Et c’est l'une des plus grandes zones franches du monde qui va voir le jour, d’après la Faz.