Longtemps présenté comme la bête noire du régime, où est Alexis Sinduhije ?
Politique

Jeune Afrique, 05 juin 2018

Que sont-ils devenus ? Mohamed El Yazghi et Alexis Sinduhije

Ils étaient sur le devant de la scène : Mohamed El Yazghi, ancien président de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) au Maroc et Alexis Sinduhije, principal opposant du président burundais Pierre Nkurunziza. Que sont-ils devenus ?

Alexis Sinduhije

Longtemps présenté comme la bête noire du régime de Pierre Nkurunziza, qui l’accuse d’avoir participé à la tentative de putsch de 2015, et visé par des sanctions américaines, Alexis Sinduhije, 51 ans, vit à Bruxelles depuis 2017. Son Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD), que Bujumbura soupçonne d’être à la tête d’une rébellion armée, est, lui, suspendu au Burundi.

Aujourd’hui membre du comité du directoire du Cnared, la plateforme de l’opposition en exil, Sinduhije organise le congrès du MSD dans la capitale belge, ces 30 et 31 mai, dans la foulée du conclave du Cnared (25 au 27 mai). Ce dernier avait appelé au boycott du référendum du 17 mai sur le projet d’amendement de la Constitution. Le oui l’ayant emporté à 73 %, le président Nkurunziza pourra, à partir de 2020, prétendre à deux septennats et se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034. Formé il y a trois ans pour protester contre le troisième mandat de Nkurunziza et préserver l’accord de paix d’Arusha, le Cnared a convoqué ce congrès bruxellois pour redéfinir ses objectifs.

Mohamed El Yazghi

À 83 ans, Mohamed El Yazghi vit dans la nostalgie du passé. Bien que retiré de la vie politique marocaine, y compris de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), qu’il a dirigée entre 2003 et 2007, il lui arrive d’accorder des interviews pour commenter l’actualité. En 2012, il a publié ses mémoires, Siratou Watan, Massiratou Hizb (« Marche d’un pays, démarche d’un parti »), qui reviennent sur ses années de lutte, dont l’attentat au colis piégé qui faillit lui coûter la vie en 1973.

Longtemps il aura été l’éternel second, celui qui accompagne les grands leaders de l’USFP sans jamais parvenir à prendre leur place. Il est le numéro deux d’Abderrahmane El Youssoufi à la tête de l’Union et son ministre de 1998 à 2002, tout en lui vouant une inimitié notoire. « Depuis, ils ne se parlent plus », confie un cadre de l’USFP. En 2003, son rêve est enfin exaucé: il arrache le secrétariat général du parti à un El Youssoufi affaibli par la première expérience gouvernementale de cette formation. Mais il doit démissionner après la débâcle de celle-ci aux législatives de 2007.