Nkurunziza serait-il tenté de restaurer la monarchie ?
Politique

Deutsche Welle, 11.06.2018

L'annonce du président Nkurunziza à Bugendana qu'il ne sera pas candidat en 2020 alimente toujours les débats, tandis que des questionnements demeurent.

A Gitega, à Bugendana, fief où est né Mwesi IV Gisabo, le dernier roi du Burundi. Alors, Nkurunziza serait-il tenté de restaurer la monarchie? Voudrait-il se placer au-dessus du jeu politique ? Est-ce une piste solide pour lui ? Les tentatives de réponses avec Antéditeste Niragira, notre correspondant à Bujumbura.

Des interrogations subsistent

Au sein de l'opinion locale, les interrogations sont nombreuses et restent en suspens. Selon Eric Ngabire, un habitant de Bujumbura, la vision du président dans son annonce prête à confusion et chacun peut en faire une lecture différente.

"L'annonce n’était pas claire. Dire qu'il ne se présentera pas en 2020, je ne pense pas que ça soit vrai. Il a affirmé que son mandat se termine en 2020. Mais, je suis confus, chacun peut en faire sa propre lecture. Mon idée est qu'on attende pour voir ce qui se passera en 2020", selon Eric Ngabire préfère attendre la veille des élections de 2020.

Réactions de responsables politiques

De son côté, Léonce Ngendakumana, vice-président du parti Sahwanya - le Front pour la Démocratie du Burundi -, trouve que la déclaration du président burundais ne résous pas les questions sociopolitiques et diplomatiques que connaît le Burundi.

L'annonce du président Nkurunziza de la fin de son mandat en 2020 est plutôt une option  pour gagner la confiance internationale. "Lorsque la plupart des chefs d’États africains arrivent au terme de leurs mandats, ils révisent les constitutions pour se succéder à eux-mêmes. Si cet engagement était respecté, c’est un engagement qui pourrait être pour lui même, et pour le Burundi. Ça va constituer une référence pour les chefs d’États africains de ne pas s’éterniser au pouvoir", martèle-t-il.  

L'opposition reste très méfiante

Depuis le lancement du processus référendaire, tous les grands événements se déroulent à Bugendana, un endroit d’une importance historique considérable. Ce qui suscite des interrogations aux yeux de Thacien Sibomana, le porte-parole de la coalition d’opposition Mizero y'Abarundi.

"C'est vrai le roi Mwezei Gisabo est né à Bugendana. Alors, comme l'article 4 de la nouvelle constitution fait allusion à un probable referendum que le président peut organiser pour le retour à la monarchie, est-ce que c'est cela la signification ?

Ça peut être vrai. Parce que tous les événements d'une importance telle que l’annonce du référendum, la campagne,  la promulgation et toutes les cérémonies affairantes. Il n’y a pas d’autres raisons qui expliqueraient qu’elles se déroulent à Bugendana." 

Les équivoques seront levés quand le parti présidentiel représentera son candidat pour la présidentiel de 2020, nous a confié un autre interlocuteur.