Un réfugié burundais lance une levée de fonds pour amener sa famille au Canada
Diaspora

Beauce-Média, 20 juin 2018

L’Africanobeauceron

COMMUNAUTÉ. un réfugié du Burundi, résident de Beauceville, lance une levée de fonds pour amasser les 24 000$ nécessaire pour parrainer sa famille et la faire venir au Canada. [Photo : L’Africanobeauceron et Jean-Pierre Garant se sont liés d’amitié.]

L’identité du résident de Beauceville ne peut pas être rendue publique. Sa famille pourrait subir des représailles si le gouvernement du Burundi a connaissance de cette histoire. C’est pourquoi il a demandé qu’on utilise le pseudonyme «Africanobeauceron». Ce nom décrit son attachement à la Beauce, où il souhaite faire sa vie, et à ses racines africaines.

Toutes les guerres

L’africanobeauceron affiche un sourire franc, et ce, malgré les difficultés qu’il a endurées ces dernières années. Ses parents et tous ces frères et sœurs tutsis ont été tués dans son village natal, pendant la guerre civile qui a duré 10 ans. «Je suis toujours en vie, seulement parce que je me trouvais sur le campus de l’Université. J’étais étudiant à l’époque», raconte-t-il, dans un restaurant de Saint-Joseph-de-Beauce, en compagnie de son ami, Jean-Pierre Garant.

Pendant deux ans, il se cache dans une autre province, de peur de subir des représailles en tant que Tutsis, une minorité ethnique persécutée par les milices hutues. Ce n’est qu’en 2003, dix ans après le déclenchement de la guerre civile, qu’il parvient à revenir dans sa province natale. Il occupe divers postes dans l’administration publique à titre d’ingénieur. Il estime avoir perdu 112 membres de sa famille élargie au cours de ces années.

Député persécuté

Son expérience dans l’administration régionale l’amène à devenir député de l’opposition à l’Assemblée législative de son pays. Il subit par contre des menaces de mort et des tortures, des milices du Président au pouvoir Pierre Nkurunziza, qui se poursuivent après son départ de la politique.

Lors d’une conférence sur l’eau aux États-Unis, il prend la difficile décision de ne pas retourner au Burundi en 2015. «Ma femme était la seule au courant. On venait tout juste de connaître une attaque avant mon départ», explique-t-il.

Deux ans et trois mois d’attente

Il effectue sa demande d’asile aux États-Unis et obtient un permis de travail. L’attente est longue. Pendant deux ans et trois mois, il ne reçoit aucune nouvelle.
L’élection de Donald Trump en novembre 2016 met un froid sur ses espoirs de recevoir une réponse positive pour sa demande de réfugié. C’est là qu’il décide de traverser au Canada, dans la municipalité, aujourd’hui célèbre, de Lacolle. Sa demande d’asile est finalement acceptée, grâce au processus accéléré, le 23 avril 2018, huit mois après son arrivée au Québec.

Une première rencontre

Le Burundais a rencontré en mars, Jean-Pierre Garant, à l’église de Notre-Dame-des-Pins, par pur hasard. Impliqué à titre personnel dans l’accueil des nouveaux arrivants, M. Garant héberge lui-même un Sénégalais chez lui. Il a sollicité l’aide au Conseil de la fabrique de Beauceville, sans succès. C’est là que tous deux ont pensé organiser une levée de fonds, afin de faire venir sa famille au Canada.

Son objectif est de parrainer ses cinq enfants et sa femme. «Ils vont tant bien que mal, mais ils se sentent toujours menacés par les gens au pouvoir», ajoute le Burundais. Le Gouvernement fédéral canadien exige une somme de 24 000$, afin de s’assurer qu’il a l’argent nécessaire pour les billets d’avion et la solidité financière de subvenir à leurs besoins pendant un an.

Pour l’aider dans sa démarche, rendez-vous sur sa page GoFundMe.

Mizael Bilodeau