Consommation de la drogue à tous les âges au Burundi
Société

PANA, 28 juin 2018

Bujumbura, Burundi - Le ministre de l’Intérieur et de la Prévention des catastrophes, Alain Guillaume Bunyoni, a révélé mercredi, une étude sur les usagers de drogues à fumer et injectables dans la ville de Bujumbura, capitale du Burundi, qui montre que 48% des consommateurs avaient entre 18 et 24 ans, en 2017.

L’étude du ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le VIH/SIDA avait pour objectif d’estimer la taille, en nombre, des usagers de drogues, la séroprévalence du VIH et les facteurs de risques associés.

Sur un échantillon de 127 usagers de drogues à fumer et injectables à Bujumbura, le rapport a révélé que 10,2% avaient fini par se contaminer au VIH/SIDA, 9,4% à l’hépatite B et 5,5% à l’hépatite C, toujours dans la tranche des jeunes de 18 à 24 ans.

Mardi, la journée internationale contre l’abus et le trafic des drogues était passée presque inaperçue au Burundi où les consommateurs ont des choix variés entre le cannabis, l’héroïne, la cocaïne ou encore la marijuana.

Selon Interpol (la police internationale), le Burundi est encore une plaque tournante des réseaux de trafiquants répartis entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique.

Un seul Centre neuropsychiatrique à Bujumbura et pour le reste du pays offre des services de désintoxication pour une capacité d’accueil de moins de 100 lits, a-t-on appris sur place.

En général, les jeunes drogués sont issus des milieux aisés et peuvent se procurer facilement un gramme d’héroïne à 5.000 francs burundais (près de 3 dollars américains), selon les témoignages.

 « Urumogi », le cannabis burundais, est encore plus facile à se procurer étant donné qu’il pousse dans la plupart des régions du pays, sur de petits lopins de terre dissimulés entre d’autres cultures vivrières ou dans les jardins, pour les citadins.

Cette drogue douce est aussi utilisée par les éleveurs pour soigner certaines maladies bovines, tandis que les « Batwa » (Pygmées du Burundi) s’en servent pour supporter le froid des forêts ou encore la faim, quand ce n’est pas à l’occasion de certaines cérémonies rituelles, dit-on dans ce milieu social défavorisé du pays.

D’autres «drogues exotiques de prestige», comme la cocaïne et l’héroïne, se sont développées et répandues au Burundi à l’arrivée des « Bazungu » (« coopérants blancs », en langue locale).

Les « Bazungu » traitent discrètement avec de petits vendeurs ambulants qui proposent des cigarettes importées dans une main et des joints dans l’autre, aux abords des grands hôtels de Bujumbura, sait-on de notoriété publique.

Les enfants de la rue, dans les grandes villes du Burundi, sont les autres consommateurs réputés et dépendants des drogues pour tromper la misère.

Les jeunes de la rue témoignent qu’ils se livrent à la consommation des drogues et autres euphorisants liquides pour résister à la faim, au froid nocturne et aux viols dont ils sont souvent victimes.

Certains ne se cachent pas pour inhaler de l’essence ou pour fumer de la marijuana qui ne coûte que 100 francs burundais (0,05 centimes du dollars US) avec l’argent mendié la journée, disent-ils.

La détérioration de la situation politique du pays, suite aux violences électorales de 2015, a encore contribué à grossir les rangs des consommateurs de drogues à Bujumbura pour vaincre la peur, selon leurs dires.

Les taux d’abandon scolaire élevés, le banditisme et diverses autres formes de délinquance juvénile s’expliquent également par l’expansion de la consommation des drogues au Burundi, déplorent les milieux éducatifs nationaux.

Face à cette réalité, le ministre a déclaré que le gouvernement burundais «ne ménagera aucun effort pour renforcer la coopération aux échelons national, régional et international dans le but de parvenir à une société affranchie des abus de la drogue».

Par ailleurs, le gouvernement burundais « soutiendra toute initiative qui aura pour objectif la sensibilisation au grand danger que sont les drogues illicites pour la société, mais aussi les initiatives visant la désintoxication, la prise en charge médicale et la réinsertion sociale des victimes des drogues».