Burundi : le don par l’Etat d’un terrain au parti présidentiel crée la polémique
Politique

RFI, 21-07-2018

Au Burundi, le parti au pouvoir s'est vu octroyer par décret présidentiel un terrain de près de trois hectares dans le centre-ville de Gitega pour y construire un centre de culte et de conférences.

Depuis son accession au pouvoir, Pierre Nkurunziza n'a jamais caché ses convictions religieuses : il assure que Dieu lui-même lui délivre des messages. Il appelle régulièrement les membres des institutions à prier avec lui lors de ce qu'il appelle « les croisades ».

Une rhétorique de plus en plus reprise par son parti. Pour les détracteurs du chef de l'Etat burundais, il s'agit là d'une dérive sectaire, en plus d'un détournement à des fins privés d'un bien de l'Etat.

Quand le CNDD-FDD, « dirigé par le président Nkurunziza s’octroie un terrain de plus de trois hectares », il s’agit d’un conflit d’intérêts pour Gabriel Rufyiri, président de l'ONG Olucome, l'Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques. D’autant plus qu’il « n’y a pas eu acte qui le confère au domaine privé », donc que cet espace « reste toujours dans le domaine public ». En conséquence, pour son ONG, « c’est illégal ».

Le premier vice-président burundais a une autre lecture des évènements. Car ce n'est pas Pierre Nkurunziza, mais le gouvernement burundais qui a donné ce terrain au parti présidentiel. « Ce n’est pas le président qui a donné un don au parti CNDD-FDD. Le parti CNDD-FDD a demandé un terrain, le gouvernement lui a octroyé », explique ainsi Gaston Sindimwo.

Gaston Sindimwo, premier vice-président burundais : « Dans le code foncier, il y a des terrains qui, de par leurs dimensions, c'est le chef de l'Etat ou le gouvernement qui [les] octroient ». Et si « le parti CNDD-FDD a demandé à ce que cet endroit-là soit un endroit mémorable », c’est parce que « ça traduit leur idéal ». A ses yeux, la demande est donc « légitime ».

Le décret présidentiel précise bien que le parti de Pierre Nkurunziza entend ériger à Gitega un centre de culte et de conférences, sans préciser la nature de ce culte.