Les Burundais prudents sur la journée de la solidarité locale
Société

Deutsche Welle, 31.07.2018

La célébration, pour la première fois samedi dernier, de la fête nationale de solidarité locale est diversement appréciée au Burundi, où plusieurs observateurs redoutent une récupération politique du pouvoir.

L'initiation des activités et opportunités de rapprochement entre le président burundais et le bas peuple vise le renforcement de sa popularité. Ainsi, il gagne la confiance de la population de la base au sommet.

"Si l'on s’éloigne de quelqu'un, il ne peut pas te reconnaître. C'est pourquoi si le président Nkurunziza est le premier président populaire depuis la création du Burundi, c'est grâce à ses habitudes de s’approcher toujours de tous les citoyens. Vous voyez qu'il prend toutes les provinces de la même façon sans exception aucune", explique Sébastien Misago, président de l'ASAPE, une organisation pour la promotion de la solidarité patriotique.

Avec l'instauration de la fête nationale de solidarité locale, on collecte des vivres, des habits et de l'argent pour les distribuer aux plus démunis.

Récupération politique 

Kassim Abdoul, président du parti Union pour la Paix et Développement, salue l'initiative mais dit qu’elle risque d'être récupérée politiquement. 

"Lorsqu'on trouve un déphasage entre l'autorité et la population, c'est là où il y a des frustrations. On demanderait que la fête ne soit pas une affaire du parti au pouvoir mais que ça soit plutôt une affaire de tout le monde", commente-t-il.

Et de prévenir : "Sinon si ça glisse vers le parti au pouvoir comme on l'a vu pour les travaux communautaires que le parti présidentiel semble s'approprier, ça va être un échec alors que l’affaire devrait être sociale, durable et pérenne."

Selon Aloys Baricako, président du parti Rassemblement National pour le Changement, la fête nationale de solidarité locale contredit l’ordonnance ministérielle d'il y a trois mois de chasse aux mendiants.

A l'en croire, la célébration peut avoir des effets négatifs. 

"Cette fête nationale de solidarité locale risque de ressusciter la mendicité qui était devenue une pratique. La fête risque de favoriser le clientélisme, on risque d'utiliser les collectes à des fins politiques et l'achat des consciences. Comprenez donc que c'est tout un tas de problèmes", indique M. Baricako. 

Célébrée pour la première fois samedi dernier, la fête annuelle de solidarité locale le sera désormais chaque dernier samedi de juillet.