Burundi : un député d'opposition accusé d'avoir voulu assassiner le président
Politique

RFI, 19-10-2018

Au Burundi, Pierre-Célestin Ndikumana, un député d'opposition toujours prompt à critiquer le pouvoir, a été accusé  le 18 octobre au soir à la télévision nationale d'avoir planifié l'élimination du président Pierre Nkurunziza ainsi que de plusieurs autres hautes personnalités de l'Etat.

Au Burundi, l'ancien domestique du député d'opposition Pierre-Célestin Ndikumana est apparu sur les images de la télévision d'Etat  ce 18 octobre, très détendu et parfois souriant.

Il a expliqué d'une voix très calme comment le président du groupe parlementaire des indépendants Amizero y'Abarundi, « l'Espoir des Burundais » en français, l'a recruté pour tuer un couple de députés du parti au pouvoir il y a deux semaines. Toujours selon ses aveux, cet attentat aurait échoué avant d'avoir véritablement commencé.

Puis le porte-parole du ministère burundais de la Sécurité publique a enchaîné en brandissant un papier écrit selon lui par l'ancien domestique sous la dictée du député d'opposition et dans sa propre voiture, qui détaille un complot encore plus vaste et qui vise le sommet de l'Etat.

« Un montage grossier »

Le domestique et ses deux amis avaient pour mission rien de moins que « l'élimination » du chef de l'Etat burundais Pierre Nkurunziza, ses deux vice-présidents, ainsi que le président de l'Assemblée nationale, énumère ce porte-parole qui ajoute : « Il me cite moi-même Pierre Nkurikiye comme faisant partie des personnes qui dérangent trop sa formation politique » et donc à éliminer aussi probablement, mais rien sur leur plan ni leurs moyens.

L'opposant burundais a vivement réagi en dénonçant « un montage grossier ». « C'est une insulte à mon intelligence que de m'attribuer un plan qui fait appel à trois simples domestiques de maison pour une tentative de coup d'Etat », s'est-il écrié.

Pierre-Célestin Ndikumana craint désormais qu'une procédure de levée d'immunité parlementaire ne soit lancée contre lui. « Ils veulent faire taire un des rares opposants internes qui n'hésite pas à dénoncer les exactions du pouvoir burundais », estime-il.