RDC : les élections "risquent d'aggraver les conflits"
Afrique

@rib News, 27/10/2018 – Source AFP

Les élections prévues le 23 décembre en République démocratique du Congo risquent d'aggraver les crises et les conflits qui secouent le géant de l'Afrique centrale, selon un rapport d'universitaires américains publié mardi.

"Si les scrutins se tiennent dans ces conditions, ils risquent de faire tomber le pays dans des années de contestations, de saper davantage la légitimité des élections et d'aggraver les conflits dans l'Est et au Kasaï", estime le Groupe des experts du Congo (GEC) de l'Université de New York.

Ces "élections de tous les dangers" (titre du rapport) doivent désigner le successeur du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis janvier 2001. Les Nations unies espèrent qu'elles déboucheront sur la première "transmission pacifique du pouvoir" depuis 1960.

Une partie de l'opposition dénonce le recours aux "machines à voter" et le fichier électoral. Ce fichier a répertorié 40 millions d'électeurs dont sept millions sans empreintes digitales, selon un précédent rapport de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

"Le 23 décembre, il pourrait y avoir plus de sept millions de voix potentiellement frauduleuses", s'inquiètent les experts du GEC. "ll y a trop peu de machines (à voter), d'avions, d'hélicoptères, de fonds mobilisés par le gouvernement congolais", selon eux. Ils recommandent au gouvernement congolais d'autoriser "toutes les missions d'observations électorales".

Les observateurs de l'Union européenne (UE) et de la Fondation américaine Carter n'ont pas été invités à superviser ces élections cruciales, à la différence de leurs collègues de l'Union africaine (UA).

La commission électorale a commencé à déployer dans tous les bureaux de vote les machines à voter de fabrication sud-coréenne, qu'une partie de l'opposition refuse et qualifie de "machines à tricher".

Les experts notent que l'opposition congolaise est écartelée entre le choix d'"aller aux élections avec un fichier électoral contesté et une machine à tricher, boycotter les scrutins ou demander leur report".

La partie orientale de la RDC est infestée par plus de 130 groupes armés locaux et étrangers dont les plus actifs sont les Forces démocratiques alliées (ADF, rebelles musulmans ougandais) et les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).

Le Kasaï a été le théâtre d'un conflit meurtrier ayant causé la mort de plus de 3.000 personnes entre aout 2016 et octobre 2017.