La présidentielle en RD Congo émaillée de nombreux incidents
Afrique

@rib News, 30/12/2018 – Source Reuters

Files d'attente interminables, machines à voter en panne et pluies torrentielles dans la capitale Kinshasa ont perturbé l'élection présidentielle dimanche en République démocratique du Congo tandis que l'opposition dénonçait des irrégularités.

Les bureaux de vote sont restés ouverts après l'heure de fermeture, prévue à 17h00, pour permettre aux électeurs qui patientaient en longues files de pouvoir voter. De nombreux bureaux ont ouvert avec un retard de plusieurs heures.

Les opérations de vote se sont déroulées en général dans le calme mais quelques faits de violences ont été signalés.

Un jeune homme a été tué par balles par un policier après un différend électoral devant un bureau de vote à Walungu dans la province du Sud-Kivu. La foule a ensuite battu à mort le policier, selon un témoin et un politique de la région.

Les élections sont rares en RDC, pays qui a connu coups d'Etat, guerres civiles et autres assassinats depuis son indépendance de la Belgique en 1960.

Quarante millions d'électeurs étaient appelés à désigner le successeur de Joseph Kabila, au pouvoir depuis l'assassinat de son père, en 2001, et auquel la Constitution interdit de briguer un troisième mandat consécutif. Le scrutin pourrait donner lieu à la première alternance démocratique de l'histoire de la RDC.

Les Congolais votaient aussi pour les législatives et les régionales.

Le chef de l'Etat sortant soutient la candidature d'Emmanuel Ramazani Shadary, un ancien ministre de l'Intérieur. Les sondages d'opinion le donnent en troisième position derrière deux candidats de l'opposition.

RUES INONDÉES

"Ma seule préoccupation, c'est cette très forte pluie. La participation des électeurs pourrait être faible. Mais j'espère que le ciel se dégagera", a déclaré Joseph Kabila, venu voter dans une école de la capitale.

Dans trois fiefs de l'opposition, dans l'est et l'ouest du pays, aucun vote n'a eu lieu après l'annulation du scrutin par les autorités, qui ont invoqué des risques liés à l'épidémie de fièvre Ebola et à des troubles ethniques.

Selon la conférence épiscopale (Cenco), qui s'efforce de jouer un rôle d'intermédiaire dans ce pays morcelé, les machines pour le vote électronique ont mal fonctionné dans au moins 544 des 12.300 bureaux de vote qu'elle a surveillés.

Certains électeurs se sont plaints de ne pouvoir trouver leur nom sur les listes électorales. D'autres n'ont pu accéder aux bureaux de vote, plusieurs rues de Kinshasa étant inondées.

Vital Kamerhe, directeur de campagne de l'opposant Félix Tshisekedi, affirme avoir reçu plusieurs signalement de fraudes commises en faveur du candidat du pouvoir.

Il évoque notamment un incident à Inongo, dans l'ouest, où le président du bureau de vote a voté à plusieurs reprises pour Emmanuel Ramazani Shadary.

Reuters n'a pu vérifier ces informations. La commission électorale (CENI) a déclaré sur Twitter qu'à Inongo et dans plusieurs autres villes, les opérations de vote étaient en cours et que tout allait bien.

Le dépouillement devrait commencer dès la fermeture des bureaux de vote.

ROUÉ DE COUPS

En dépit des reports répétés du scrutin - il devait à l'origine avoir lieu en 2016 - les autorités étaient mal préparées, ont indiqué des diplomates et des observateurs du sondage, faisant craindre une répétition des violences qui ont suivi les élections en 2006 et 2011.

De violentes manifestations ont éclaté cette semaine après l'annulation du scrutin à Beni et Butembo, en raison de l'épidémie de fièvre Ebola dans l'est du pays et à Yumbi, dans l'ouest, en raison de violences ethniques.

A Béni, des dizaines d'habitants, décidés à voter, se sont présentés dimanche et ont exprimé leur choix sur des feuilles volantes, ont raconté des habitants.

A Kananga, dans le centre du pays, le chef d'un bureau de vote a été roué de coups par des électeurs qui le soupçonnaient d'essayer de tricher alors qu'il déplaçait un appareil de vote en panne, ont déclaré deux militants sur place.

Dans le territoire de Masisi, dans l'est du Congo, des miliciens ont "supervisé" les bureaux de vote et fait pression sur les électeurs pour qu'ils choisissent leurs candidats préférés, a déclaré son administrateur Cosmas Kangakolo.

Selon le dernier sondage publié vendredi par l'unité de recherches sur la RDC de l'Université de New York, l'opposant Martin Fayulu, ancien dirigeant d'Exxon Mobil, est en tête des intentions de vote avec 47%. Il devance Felix Tshisekedi, autre candidat de l'opposition, crédité de 24%. Emmanuel Ramazani Shadary arrive troisième avec 19%.

Martin Fayulu et Felix Tshisekedi se sont tous deux dits convaincus de leur victoire, mais le candidat du pouvoir a bénéficié de multiples avantages, dont une couverture médiatique plus importante.

"Demain, je serai président", a-t-il assuré samedi à Reuters.