RDC : Il est minuit moins 5
Afrique

La Libre Belgique, 1 janvier 2019

Les élections sont terminées en République démocratique du Congo. Sans trop de mal. Les Congolais ont tenté de faire entendre leur voix. Malgré les inondations à Kinshasa, qui ont renvoyé une fois de plus l’image d’un pays déglingué, avec ses électeurs patientant sur des bouts de bois, éphémères radeaux, pour éviter de s’enfoncer dans les flaques créées par des pluies somme toute normales sous ces latitudes.

Tous les Congolais n’ont pas pu voter. À Beni, à Butembo, dans ce Nord-Kivu abandonné aux frasques de groupes rebelles, aux ravages de l’épidémie Ebola et à l’absence d’État. À Yumbi, aussi, dans l’ex-Bandundu, terre du principal opposant au régime, pour cause d’explosion de violence entre deux ethnies et, une fois encore, par absence d’État.

Des milliers d’autres Congolais ont été privés de leur droit de vote par la faute de machines à voter capricieuses. Évident dans ce pays où moins de 10 % de la population a accès à l’électricité. Au total, ce sont donc des millions de Congolais qui ont déjà perdu le scrutin faute d’avoir pu déposer leur bulletin dans les urnes.

Malgré cette défaite, une large majorité de Congolais veut un changement de régime après 18 ans de Kabilisme synonyme de pauvreté, d’insécurité, de gabegie et d’enrichissement d’une petite bande d’individus. Les organisateurs du scrutin ont décrété le huis clos pour mieux préparer le résultat à leur guise.

Soyons clairs, l’affrontement semble inévitable entre cette clique prête à tout pour durer et un peuple fatigué de supporter les pires vilenies. Personne n’est dupe, ni en RDC, ni dans la sous-région, ni dans l’ensemble de la communauté internationale et surtout pas à l’Onu, omniprésente dans ce pays. Les Congolais ont fait un choix. Le pouvoir n’en voudra pas.

Il est minuit moins 5 pour reprendre l’expression du ministre des Affaires étrangères Willy Claes début 1994 à l’égard du Rwanda. Personne n’a oublié ce qu’il est advenu. Personne ne veut d’un nouveau massacre dans la région. La communauté internationale a les armes pour imposer que la vérité sorte des urnes.

Commentaire par Hubert Leclercq