Jean-Baptiste Alaize a décidé de faire de sa vie un long-métrage
Sports

20minutes, 17/02/2019

Côte d'Azur: «La vie est un film», l'athlète handisport Jean-Baptiste Alaize prépare un long métrage qui retrace sa vie

HANDISPORT « Mouguicha » sortira dans deux ans, après les JO de Tokyo

Jean-Baptiste Alaize a l’impression d’être le héros de son propre film. Une histoire qui commence très mal, en pleine guerre civile du Burundi et un départ de son pays à l’âge de 6 ans. Et qui finit par une médaille de bronze en championnat d’Europe de saut en longueur et des participations aux Jeux Paralympiques.

Amputé de la jambe droite, Jean-Baptiste Alaize a décidé de faire de cette vie un long-métrage. L’athlète handisport azuréen vient de boucler le scénario de Mouguicha, qui sortira dans deux ans, après les JO de Tokyo.

Vous passez de l’univers du sport au monde du cinéma. D’où vient cette idée ?

Tout a commencé par l’émission « Le Vestiaire », à laquelle j’ai participé. J’ai raconté mon histoire et les gens qui m’entouraient ont été très touchés. Ils m’ont dit : "Vas-y, fonce !" Ce film, ce ne sera pas une fiction. Ce sera une histoire vraie.

Pourquoi ce titre, Mouguicha ?

Au début, je voulais que ce soit : « Le Fabuleux Destin de Jean-Baptiste Alaize ». Mais Mouguicha, c’est plus fort. C’est mon vrai prénom. Ça veut dire l’enfant de la chance et du bonheur. J’ai changé de nom suite à l’adoption.

Racontez-nous votre histoire, celle retracée dans votre film.

Je suis rescapé de la guerre civile du Burundi en 1993. Un conflit a éclaté entre les Hutus et Tutsis. J’avais 3 ans et je suis Tutsi. J’ai subi pleins de coups de machette à la tête, à la jambe, dans le dos et les bras. Ils ont abattu ma mère devant mes yeux et ont massacré presque toute ma famille. Après trois ans d’orphelinat, j’ai fini par être adopté en France. C’est là que je suis arrivé dans la famille Alaize dans la Drôme. A 6 ans, je me suis retrouvé sur une autre planète. J’étais un nouvel homme qui était prêt à tout donner.

Quand le sport est-il entré dans votre vie ?

Le sport, c’est arrivé au collège quand « Les JO du collège » ont été organisés. Avec ma classe, on a participé au relais 4x100m. J’étais dernier relayeur. Avant de prendre témoin, on était 4e de la course. J’ai tout remonté et on a gagné. J’avais tellement honte de mon handicap que je suis arrivé à le cacher de mes 6 ans à la 4e. Je courais avec une prothèse de marche. Ce n’était pas très pratique mais je faisais en sorte que cela ne se voit pas. Le prof me disait que c’était incroyable de courir aussi vite. J’étais déjà un acteur.

Justement, après avoir été acteur dans « Le Vestiaire » et « Tout le monde debout », vous allez jouer votre propre rôle dans Mouguicha…

Je suis prêt à prendre des risques pour être acteur de mon histoire. Il n’y a que moi qui connais l’émotion de mon histoire. Rien ne sera joué. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ma vie est un film.

Pourquoi le long-métrage sortira-t-il seulement dans deux ans ?

La médaille olympique est la seule qui me manque. A Rio, il m’a manqué 5 centimètres en finale. En 2020, il y a les Jeux de Tokyo. J’espère que l’histoire sera bouclée. Ce sera la fin du film.

Propos recueillis par Mathilde Frenois