Retrait envisagé de « toutes les troupes burundaises » de l’AMISOM
Sécurité

PANA, 24 février 2019

Bujumbura, Burundi - Le Parlement burundais a sorti vendredi une déclaration invitant l’exécutif à envisager, « le cas échéant », le retrait de « toutes les troupes burundaises » évoluant au sein de la Mission africaine en Somalie » (AMISOM), en guise de représailles contre une récente décision « injuste et unilatérale » de la Commission de l’Union africaine (UA) de réduire de 1.000 personnels de l’AMISOM « sur le seul contingent burundais ».

Quelque six bataillons de près de 5.000 militaires burundais évoluent en Somalie depuis 2007.

La crise électorale de 2015 est venue ternir l’image des corps de défense et de sécurité, en général accusés d'avoir réprimé dans le sang l’insurrection populaire contre le troisième quinquennat présidentiel, expliquent des analystes à Bujumbura, ce désamour avec l’UA.

La déclaration sort au lendemain d’une session spéciale que les deux chambres du Parlement burundais (Sénat et Assemblée nationale) ont réservée à des questions orales au ministre de la Défense, Emmanuel Ntahomvukiye (un civil) et au Général Alain Guillaume Bunyoni, de la Sécurité publique sur le renvoi « sans façon » d’une partie des troupes burundaises de l’AMISOM.

La décision de rapatriement d’une partie de l’effectif des troupes burundaises « n’est pas conforme aux conclusions de la réunion du Comité de coordination des opérations militaires de l’AMISOM tenue le 30 novembre dernier à Addis-Abeba », motive la déclaration parlementaire.

Les députés et sénateurs chargent l’exécutif burundais de transmettre leur prise de position indignée « au Président en exercice de l’UA, au Président de la Commission de l’UA, aux chefs d’Etat des pays contributeurs de troupes à l’AMISOM, aux Parlements des Etats membres de l’UA, au Parlement panafricain, au Gouvernement somalien, au Secrétaire général des Nations unies, et à tous les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ».

La déclaration est encore assortie d’une recommandation d’un Sommet des chefs d’Etats des pays contributeurs de troupes au sein de l’AMISOM « afin de parvenir à une solution consensuelle et juste ».

Le texte de la déclaration « exige » enfin, l’adoption de mesures « appropriées » pour sécuriser les régions sous menaces terroristes engendrées par la réduction des troupes burundaises.

La déclaration « demande », en outre, à la Commission de l’UA d’assurer la protection des troupes burundaises restantes, « toujours confrontées aux terroristes d’El Shebaab ».

Par ailleurs, les députés et sénateurs « invitent » le gouvernement burundais à « envisager le retrait de toutes les troupes burundaises au cas où la décision de la Commission de l’UA serait maintenue ».

Lors du débat parlementaire de la veille, des députés et sénateurs ont accusé le chef de l’Etat rwandais et président sortant de l’UA, Paul Kagame, le soupçonnant d’avoir influencé le renvoi des troupes burundaises de l’AMISOM.

Les relations entre le Burundi et le Rwanda se sont considérablement dégradées ces dernières années sur fond d’accusations de déstabilisation réciproque par groupes armés interposés.

L’ancien chef de l’Etat burundais, Pierre Buyoya, actuellement Haut-représentant de l’UA pour le Mali et le Sahel, a également été soupçonné d’avoir été pour quelque chose dans le renvoi des troupes burundaises de l’AMISOM.

D’autres voix ont mis en cause l’Union européenne (UE) qui ne finance plus les militaires burundais de l’AMISOM, de même qu’elle a gelé ses aides budgétaires directes au pouvoir burundais, accusé de manque de volonté pour régler la crise politique interne par un "dialogue franc" avec son opposition.

Un député a suggéré des marches-manifestations de rue pour faire encore entendre la voix du Burundi, « victime d’injustices à répétition de la part de la communauté internationale".