Burundi : Report des communales, le "marathon électoral" commence dimanche
Politique

MISNA, 21/5/2010

Les élections communales prévues vendredi ont été reportées à dimanche, a soudainement annoncé jeudi la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), justifiant sa décision par le retard dans la distribution des cartes d'électeurs et dans l'impression d'un nombre suffisant de bulletins de vote.

Pour garantir un scrutin libre, deux urnes seront installées dans chaque bureau de vote : la première pour y insérer le vote, la seconde pour y jeter les bulletins non utilisés.

Selon l'Union européenne (UE), le "marathon électoral", qui se prolongera jusqu'à septembre, servira à confirmer les acquis en matière de stabilité institutionnelle et de démocratisation.

Malgré les précautions prises pour l'organisation des différents scrutins et le détachement d'observateurs électoraux dans le pays par l'UE, l'Union africaine (UA) et autres organisations, des tensions se vérifient depuis l'expulsion jeudi de Nella Ghoshal, représentante dans le pays de l'organisation des droits de l'homme Human Rights Watch.

En poste au Burundi depuis trois ans, Nella Ghoshal a souvent accusé les autorités d'exécutions sommaires, de tortures, d'arrestations et de détentions illégales. Elle venait par ailleurs de dénoncer des violences électorales et la présumée impunité dont jouit le parti du régime, Conseil national de défense de la démocratie (Cndd-Fdd), incitant le gouvernement à exiger son départ immédiat.

Des sources locales contactées par la MISNA font état elles aussi d'un climat analogue : "L'atmosphère est plutôt tendue et les violences se sont manifestées à plusieurs reprises, faisant également des victimes", dit père Claudio Marano, directeur du Centre pour jeunes Kamenge de Bujumbura.

Le missionnaire xavérien déplore "les manipulations des jeunes par les politiciens qui les achètent avec un T-shirt ou de vagues promesses d'un avenir meilleur". Évoquant les années de la guerre civile (1993-2003), père Marano observe que "les personnes au pouvoir n'ont toujours pas compris qu'il ne sert à rien de monter les gens les uns contre les autres et que le Burundi a besoin d'être uni".

Pour transmettre aux jeunes des valeurs positives, notamment dans le domaine de la politique, le Centre Kamenge a organisé des concerts, des spectacles de théâtre et des concours de musique rap pour diffuser sur les radios du pays des messages de paix, de respect et de compréhension.

Le Centre a également formé 50 jeunes pour superviser le scrutin en tant qu'observateurs électoraux. À Bujumbura, la présidentielle – prévue le 28 juin – est déjà là et les partis commencent à multiplier les réunions, les meetings et les kermesses.

"Avec la rivalité qui existe entre les partis et les militants politiques – poursuit père Marano –, de nombreux habitants considèreront les élections comme une corvée et non pas comme l'occasion de participer à une vie meilleure".

Pourtant, cette seconde présidentielle depuis la fin de la guerre introduit un nouvel aspect démocratique : pour la première fois dans l'histoire du pays, le président sera élu au suffrage universel direct et non plus par les deux chambres du parlement. (VV/CN) [CO]