Un ancien Premier ministre congolais appelle à "faire la guerre au Rwanda"
Afrique

@rib News23/12/2019 - Source AFP

L'ancien Premier ministre et opposant congolais Adolphe Muzito a appelé lundi Kinshasa à "faire la guerre au Rwanda" et même à "l'annexer" pour mettre fin aux violences qui ensanglantent l'est de la République démocratique du Congo depuis 25 ans.

"Il faut faire la guerre au Rwanda pour rétablir la paix dans la région. Le Rwanda influe sur la politique congolaise. L'Ouganda aussi", a déclaré M. Muzito durant une conférence de presse à Kinshasa.

"Nous ne pouvons faire la paix qu'en menaçant le Rwanda, en occupant son territoire, si possible annexer le Rwanda" à la RDC, a-t-il ajouté.

Deux autres leaders de Lamuka, la principale plateforme politique d'opposition en République démocratique du Congo, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, se sont déclarés "surpris" par "cette thèse perfide" de laquelle ils se "désolidarisent", selon un communiqué parvenu à l'AFP.

Ils ont par ailleurs invité M. Muzito "à revenir sur ces propos".

"Ce propos n'engage que moi", a réagi M. Muzito, interrogé par l'AFP.

L'AFP n'a pu joindre immédiatement le porte-parole du gouvernement pour une réaction.

Premier ministre de 2007 à 2012, M. Muzito occupe depuis début décembre la présidence tournante de Lamuka.

La RDC a été ravagée par deux guerres régionales (1996-1997 et 1998-2003). Le pays entretient des relations en dents de scie avec ses voisins du Rwanda et de l'Ouganda. La RDC accuse ces deux pays de vouloir la déstabiliser, quand ces derniers considèrent la RDC comme une base arrière de milices hostiles à leurs régimes.

Depuis un quart de siècle, la partie orientale du pays (les régions des Kivu et Ituri, principalement) est en proie à l'insécurité en raison de la présence de dizaines de groupes armés locaux et étrangers.

Parmi ces derniers, se trouvent les milices ougandaises des Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) ou les rebelles burundais des Forces nationales de libération (FNL). Ces groupes sont accusés de nombreux crimes en RDC.

En octobre, le président congolais Félix Tshisekedi s'était rendu à Kampala, où, avec son homologue Yoweri Museveni, il avait évoqué la question stratégique de la lutte contre les groupes armés dans l'est de la RDC.

Le réchauffement des relations avec Kampala avait été précédé dès mars-avril par le rétablissement des liens de bon voisinage avec le Rwanda.

Kinshasa et ses voisins ont annoncé fin octobre vouloir mutualiser leurs efforts pour combattre les groupes armés et milices dans la région des Grands lacs.

Samedi, un groupe de 71 rebelles rwandais défaits par l'armée congolaise, et près de 1.500 de leurs proches, ont été rapatriés au Rwanda à partir de la province congolaise du Sud-Kivu.