L’opposition écrit à Nkurunziza : "révoquez la CENI et ses démembrements"
Politique

@rib News, 04/06/2010

Douze partis politiques de l’opposition (ADR, CDP, CNDD, FEDS, FNL, FRODEBU, MSD, PARENA, PIT, PPDRR, RADEBU et UPD) ayant contesté les élections communales au Burundi ont adressé mercredi une lettre au chef de l’Etat Pierre Nkurunziza pour lui "demander de bien vouloir révoquer la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et ses démembrements, suite aux manquements graves dont ils se sont rendus coupables durant le déroulement des élections communales du 24 mai 2010".

Selon ces partis, qui se sont regroupés au sein d’une Alliance des Démocrates pour le Changement au Burundi (ADC-Ikibiri), "La Commission Electorale Nationale Indépendante qui avait pourtant la mission de les organiser,  de garantir la liberté, l’impartialité et l’indépendance du processus électoral, selon l’article 89 de la Constitution, aura fait preuve d’une incompétence notoire et d’une partialité qui devraient la gêner".

"La CENI devra s’expliquer sur le nombre d’électeurs inscrits et sur le nombre de personnes qui ont effectivement voté. Il y a eu de nombreuses irrégularités et les preuves  ne manquent pas", écrivent les partis signataires avant d’énumérer plusieurs cas qui  "sont bien la preuve de fraudes par bourrage d’urnes".

"Il n’y aura pas eu que cela comme irrégularités. Ainsi, y a-t-il eu aussi discordance des chiffres de la CENI et des CEPI en rapport avec les résultats des élections", affirment les partis regroupé au sein de l’ADC-Ikibiri, ajoutant qu’"A force de truquer les élections, les organisateurs du scrutin en sont arrivés à donner des voix à des partis qui n’étaient pas inscrits".

"De cet état d’esprit, de cette désinvolture de la CENI et ses démembrements, il a résulté la violation systématique des dispositions régissant les élections", dénoncent-ils citant plusieurs transgressions aux articles du Code Electoral.

"La CENI n’a jamais fait aucun contrôle pour vérifier si les mêmes noms de mêmes identités ne revenaient pas plusieurs fois et ainsi éviter qu’un individu puisse voter plusieurs fois" accusent-ils affirmant que "des informations dignes de foi attestent que lors de la saisie du fichier électoral, des individus aux noms identiques, avec la même identification ont été enregistrés plusieurs fois en des endroits différents".

"Nous sommes en face d’une crise si grave que nous ne pouvons pas laisser sa solution à la seule discrétion  de la CENI, comme certains le suggèrent ici et là", estime l’ADC-Ikibiri pour qui "En définitive, les élections communales ont été émaillées de tricheries de bout en bout, nourries de mensonges les uns plus grossiers que les autres".

"Nous déclarons sans excès que la CENI a failli à la mission que le peuple burundais leur avait confiée à travers ses institutions, et s’est rendue coupable de trahison", écrivent les douze parti d’opposition ajoutant avoir "pris l’option de privilégier le dialogue", mais d’avertir qu’"Il serait regrettable et improductif que notre geste d’apaisement et notre souci de sauvegarder les acquis sur la voie démocratique soit pris pour de la faiblesse".

"Nous vous invitons à prendre vos responsabilités, parce que l’histoire vous jugera sur la lucidité et la perspicacité avec lesquelles vous aurez géré ces  moments délicats.

De par l’ampleur des violations ci-dessus enregistrées et de la responsabilité de la CENI dans cet échec, nous vous prions d’en prendre acte, de révoquer instamment la CENI et ses démembrements et de mettre sur pied une institution digne de ce nom capable d’organiser de nouvelles élections communales libres, transparentes, et paisibles, bref qui respectent vraiment les normes internationales en matière électorale" conclut l’ADC-Ikibiri dans sa lettre.

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