Les enjeux du triple scrutin au Burundi
Politique

Deutsche Welle24.04.2020

Au Burundi, le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 20 mai prochain, en même temps que les législatives et municipales. Pour la présidentielle, huit candidats briguent la succession du président sortant, Pierre Nkurunziza, qui ne se représentante pas, après 15 ans passés à la tête de son pays.

Dans le cadre de l’élection présidentielle du 20 mai, huit candidats sont en compétition. Parmi eux, Évariste Ndayishimiye, le candidat du parti au pouvoir et Agathon Rwassa, le candidat du Conseil national pour la liberté (CNL), qui apparait comme étant le seul candidat d’envergure, face à celui du pouvoir.

Cependant, deux candidats se présentent en indépendants. Deux autres partis n'ont pas pu se présenter. Car leurs dossiers de candidatures ont été rejetés. C'est le cas du parti Conseil des Patriotes (CDP).

La diaspora ne vote pas

Contrairement aux précédents scrutins, les Burundais de la diaspora ne pourront pas voter cette année en raison du Covid-19.

Dans une note signée le 15 avril dernier, le ministre burundais des Affaires étrangères a annoncé que la Commission électorale nationale indépendante était dans l’incapacité d’organiser les élections du 20 mai 2020 pour les Burundais à l’étranger.

"La situation sanitaire actuelle marquée par des mesures de lutte contre la pandémie du Covid-19 dans différents pays ne facilite pas le mouvement et par conséquent l’accès aux chancelleries", a expliqué le chef de la diplomatie Ezekiel Nibigira.

Pas d'enjeux

Chauvineau Mugwengezo, président de la coalition des forces de l’opposition burundaise pour le rétablissement de l’Accord d’Arusha, "CFOR-Arusha", estime que cette décision est sans conséquence sur l’issue du scrutin qui, selon lui, ne fait aucun doute.

"La diaspora, c'est vraiment une quantité négligeable. Et ce n’est pas à partir de la diaspora que le pouvoir CNDD-FDD espère gagner. Quelle participe ou qu'elle ne participe pas, ça ne pourra rien changer pour ce qui est des résultats qui sont déjà connus", soutient l’opposant qui vit en exil.

Conservation du pouvoir

Selon Aimé Magera, le porte-parole en Europe du Conseil national pour la liberté (CNL), de l’opposant Agathon Rwassa qui est le seul candidat d’envergure, face à celui du pouvoir.

"Le pouvoir va perdre les élections, il essaie par tous les moyens d'éviter des  électeurs de l'opposition qui peuvent faire basculer les résultats que le pouvoir veut s'attribuer. Et donc, il fait cette manœuvre effectivement pour essayer de diminuer les voix de l'opposition. Mais ici, aujourd'hui, on parle de déconfinement. Alors pourquoi ne pas appliquer ces mêmes mesures ? On sait que les mesures de distanciation sont faciles à respecter dans une ambassade. Ce n'est pas tous les Burundais qui vont voter en même temps."

Scrutins crédibles

L'émissaire de l'ONU pour la région des Grands Lacs, le Chinois Huang Xia, a déclaré le mercredi (22.04.2020) devant le Conseil de sécurité l'importance d'avoir des scrutins présidentiels "crédibles" au Burundi.

"Je souhaite vivement que les échéances électorales à venir auBurundi soient l'occasion de consolider les acquis démocratiques et la stabilité dans ces deux pays. J'encourage tous les acteurs à garantir des processus électoraux pacifiques, inclusifs et crédibles", a-t-il expliqué.

Selon la Commission électorale nationale indépendante, 12.933 électeurs de la diaspora se sont fait inscrire, sur un total d’un peu plus de cinq millions électeurs au niveau national.

La campagne électorale démarre le lundi 27 avril prochain et va durer trois semaines. En plus de leur président, les Burundais sont appelés à élire aussi leurs députés et conseils municipaux.

Quels sont les enjeux de ces trois scrutins ?  Eric Topona en débat avec ses invités cette semaine sous l’Arbre à palabres.

-Carina Tertsakian,  chercheuse à l’ONG l'Initiative pour les droits humains au Burundi.

-David Gakunzi, intellectuel burundais.

- Me Jérémie Minani, membre du Conseil  directeur et  porte-parole de la Coalition des forces de l’opposition burundaise pour le rétablissement de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi ( CFOR–ARUSHA).

-Anicet Niyonkuru, président du Conseil des patriotes (CDP).

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