Au Burundi, l'ombre d'un autre 27 avril plane sur le lancement de la campagne électorale
Politique

Deutsche Welle, 27.04.2020

Au Burundi, le 27 avril 2015 débutaient les manifestations contre le troisième mandant du président Pierre Nkurunziza. Alors choisir un 27 avril pour ouvrir la campagne électorale soulève des critiques. [Photo : Manifestations d'avril/mai 2015 contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza.]

C'était il y a cinq ans jour pour jour : le 27 avril 2015 commençaient les manifestations de l'opposition contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza.

Aujourd'hui, cet anniversaire coïncide avec le lancement de la campagne électorale pour les élections communales, législatives et le scrutin présidentiel de 2020. Les opposants au troisième mandat trouvent cette coïncidence malheureuse et y voient des motivations politiques.

Un message politique...

 Arcade Habiyambere fait partie de ceux qui  n'apprécient pas la coïncidence. Il explique y voir un message des autorités "parce que le début de la campagne aurait pu être le 20, c’était facile. Mais celui qui a choisi la date [du 27 avril] avait des mobiles politiques."

 Arcade Habiyambere est le porte-parole du parti des jeunes, le Front Populaire National Imboneza, qui n’a jamais reconnu le troisième mandat de Pierre Nkurunziza, qui touche à sa fin. 

Il s'agace : "[Prendre] cette date comme début de la campagne électorale,  [c'est vouloir donner] une leçon à tous les Burundais. Il faut que l’on change le pouvoir... mais on n’a pas besoin d’aller brûler les voitures dans les rues. Pour le moment, il faut que les gens apprennent à utiliser la même force pour changer le pouvoir par les urnes. Cette date du début de la campagne électorale nous montre que celui qui l’a choisie voulait montrer aux Burundais que c’est le troisième mandat qui prend fin maintenant et c’est le quatrième mandat qui commence."

... ou hasard du calendrier électoral ?

Pour le parti Congres National pour la Liberté, principal opposant au troisième mandat, la coïncidence est normale du fait que son choix par la Commission Électorale Nationale Indépendante se réfère au mandat des institutions en place. 

Selon Thérence Manirambona, porte-parole du Congrès National pour la Liberté, voter est l’occasion pour l’électorat de s’exprimer er déclare à la DW: 

"Pour moi, il est normal qu’il y ait cette malheureuse coïncidence. Ce qui s’est passé en cette période en 2015 est que les Burundais voulaient entrer dans une course électorale. Les élections sont la seule opportunité de se choisir des dirigeants. Nous espérons que c’est une autre occasion qui s’offre à tout Burundais de montrer réellement ce qu’il veut pour l’avenir de son pays."

Sept candidats dont deux indépendants sont en lice pour la présidentielle. C’est la première campagne avec autant de candidats depuis l’indépendance.

Mais celle-ci débute dans un climat tendu entre les jeunes militants de certains partis politiques, comme le notent de nombreux militants des droits de l'Homme, à l'instar de HRW.

Des affrontements ont plusieurs fois opposé les jeunes du parti au pouvoir et ceux du Congrès national pour la liberté sur le terrain.

Les autorités burundaises ont invité les différents partis à la retenue afin de mener à bien le processus électoral.