Déjà deux morts et 26 blessés dans une campagne électorale tendue au Burundi
Sécurité

PANA, 06 mai 2020

Bujumbura, Burundi - Le bilan de la première semaine de campagne électorale, partie sur des chapeaux de roues, le 27 avril dernier, s’élève à au moins deux morts, 26 blessés et un disparu dans des rivalités entre militants de la mouvance présidentielle et ceux de l’opposition, a-t-on appris, mercredi, de diverses sources concordantes à Bujumbura.

La police nationale fait état d’au moins deux morts et 18 blessés, côté mouvance présidentielle, un disparu et huit blessés dans les rangs de l’opposition au cours de cette première semaine de campagne électorale.

Les violents incidents ont surtout opposé les militants des deux principaux partis rivaux, dans les grands réservoirs électoraux du nord, du centre et de l'ouest du Burundi.

Des militants du Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD, au pouvoir) et ceux du Congrès national pour la liberté (CNL, opposition) en sont venus aux mains dans ces localités.

La campagne électorale est animée par une dizaine de partis politiques, deux coalitions de partis politiques et 18 indépendants.

Les élections proprement dites combineront la présidentielle, les législatives et les communales, le même jour du 20 mai prochain, avec la participation de plus de cinq millions d’électeurs.

Les parties intéressées par ces scrutins ont encore deux semaines devant eux pour battre campagne.

Dans un communiqué, le parquet général de la République du Burundi rappelle « à tous les citoyens burundais", en général, et "aux militants des partis politiques", en particulier, que la loi "n’est pas en veilleuse" durant cette période de propagande. « Quiconque enfreint la loi doit subir sa rigueur », avise le communiqué.

Le parquet avise encore les responsables des partis politiques qu'ils ne sont pas « exemptés » de poursuites judiciaires durant cette période de propagande. "Ils doivent s’abstenir de tout acte pouvant inciter les militants au recours à la violence".

Les mêmes responsables politiques sont tenus de rappeler à l’ordre les militants et de se désolidariser avec ceux qui enfreignent la loi.

Le communiqué invite les parquets de province à la vigilance « maximale » afin de traduire en justice tous ceux qui s’adonnent à la violence.

 « Le cas échéant », les procureurs doivent se transporter sur les lieux pour constater eux-mêmes les infractions et conduire l’instruction dans une « procédure de flagrance », invite, à la fin, le communiqué.

Le ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, est également monté au créneau, mercredi, pour dire « assez » aux actes d’intolérance politique en cette période de campagne électorale tendue au Burundi.

Le responsable gouvernemental a encouragé la Justice à faire son travail pour décourager les écarts de comportements, en violation du code électoral.

Les précédentes élections générales de 2015 avaient été encore émaillées de violences de masse.

Les violences faisaient suite à l’officialisation de la candidature du chef de l’Etat sortant, Pierre Nkurunziza, à un troisième quinquennat, jugé « de trop » et qu’il a fini par obtenir au forceps.

Un général à la retraite, Evariste Ndayishimiye, a été désigné par le parti présidentiel et nombreux sont les pronostics qui le donnent vainqueur le futur locataire du "Palais Ntare Rugamba", du nom du dernier monarque conquérant du Burundi.

Le chef de l'Etat sortant participe activement à la campagne du candidat du pouvoir.

Le principal opposant, Agathon Rwasa, fait néanmoins presque jeu égal avec le candidat du pouvoir dans la mobilisation des foules, de l'avis général des observateurs.

L'opposant galvanise les foules par une campagne centrée sur le « changement radical", une fois au pouvoir.

Le candidat du CNDD-FDD, quant à lui, offre d'inscrire son action dans la continuité et la consolidation des acquis engrangés par le parti-Etat au cours de ces 15 dernières années.

Les deux principaux protagonistes de la présidentielle ont en commun l'appartenance ethnique à la communauté majoritaire des Hutu.