Les réalisations de Pierre Nkurunziza, bien vues à Gitega
Politique

Deutsche Welle, 13.05.2020

Le bilan de Nkurunziza apparaît nuancé lorsqu’on interroge les Burundais. Mais à Gitega, les habitants saluent ses réalisations sur le plan du développement local même si les commerçants se plaignent du poids des taxes.

Patrick Sinarinzi est natif de la province de Gitega, située au centre du Burundi. Agé de 38 ans, Patrick est marié et père de deux enfants. 

Depuis 16 ans, il vit de la vente du charbon de bois au bord de la route goudronnée, à 500 mètres de son domicile. Selon lui, les trois mandats du président Pierre Nkurunziza sont un succès. "Je vois beaucoup de nouvelles réalisations. Si un enfant tombe malade, il est soigné gratuitement. Nous avons une nouvelle route goudronnée grâce à Pierre Nkurunziza. Avant lui, on n’avait pas encore vu ces réalisations. Dès qu’il est arrivé au pouvoir on a eu cette route, bientôt on aura de l’électricité et le marché moderne a déjà été construit. C’est grâce à lui " affirme Patrick

Marie Ndihokubwayo est une femme rencontrée au chef-lieu de la province de Gitega. A quarante ans, elle est une ancienne vendeuse de boissons alcoolisées illégales. Elle salue la lutte engagée par le président sortant contre la consommation de ces boissons interdites mais vendues clandestinement. "Un homme pouvait consommer des boissons prohibées du matin au soir sans penser au bien-être de sa famille. Une fois rentré, il n’avait rien rapporté à manger et les violences conjugales éclataient. Ces boissons étaient la source de violences. Je salue leur interdiction" dit la quadragénaire.

Coût de la vie élevé

Depuis plusieurs décennies, la province de Gitega est connue pour le dynamisme de son commerce. Mais Révérien Nibaruta, grossiste au marché central de Gitega, se plaint de la valeur trop élevée selon lui de la TVA. Pour lui, "Par rapport à la Taxe sur la valeur ajoutée, nous proposons au gouvernement de la diminuer parce que nous payons 18%. Qu’il la diminue jusqu’à 10 ou 12 % pour que même le petit paysan puisse acheter des marchandises à bas prix.

Gitega est la plus vaste des 18 provinces que compte le Burundi et représente 10% de la population du pays. Ici, la popularité du président burundais est bien enracinée et les seules critiques portent sur la cherté de la vie augmentée par les taxes.

Sept candidats sont en course pour la présidentielle du 20 mai, dont celui du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, le général Evariste Ndayishimiye, présenté sur les affiches électorales comme "l'héritier" du président Pierre Nkurunziza, en poste depuis 2005 mais qui ne se représente pas.

L’espoir perdu

L’élection en août 2005 de Pierre Nkurunziza avait suscité de grands espoirs en matière d'infrastructures et de lutte contre la pauvreté, notamment avec le lancement de grands chantiers.

Mais avec les violentes répressions des contestations de sa nouvelle candidature en 2015 pour un troisième mandat et sa réélection en juillet de la même année, Pierre Nkurunziza reste aussi comme un président qui a poussé de nombreux opposants et citoyens à l'exil.

Le pays est plongé depuis lors, dans un cycle de violences et de violations massives des droits humains qui ont fait 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes.

Dans un communiqué publié fin avril dernier, Human Rights Watch (HRW) dit avoir recensé ces six derniers mois plusieurs cas de meurtres, disparitions, arrestations arbitraires, menaces et harcèlement à l'encontre d'opposants présumés.

Campagne électorale malgré la Covid-19

La campagne pour les élections présidentielle, législatives, et municipales du 20 mai a connu des rassemblements géants, qui ont permis de mesurer à quel point les autorités faisaient fi de l'épidémie du nouveau coronavirus.

Le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, sa campagne en grande pompe dans la province de Gitega où il a déjà réuni des milliers de personnes. Apparemment, la maladie n'a pas dissuadé les gens de se déplacer.

Le principal adversaire du candidat du pouvoir le général Evariste Ndayishimiye, est le leader historique de l'ex-rébellion hutu des FNL et candidat du Conseil national pour la liberté (CNL), Agathon Rwasa. Il a défié le président sortant dans son fief Ngozi dans le nord où il a rassemblé une foule impressionnante.