Interview de Francis Rohero sur RFI : « Il faut une troisième logique au Burundi ! » |
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RFI, 15-05-2020 Présidentielle au Burundi : pour Francis Rohero, «les partis politiques ont fait leur temps» Sept candidats sont en lice pour la présidentielle de mercredi prochain, le 20 mai, au Burundi. La campagne se termine ce dimanche 17 mai. RFI donne la parole à l’ensemble des candidats. Francis Rohero, initiateur du mouvement Orange, un mouvement citoyen, nous présente son programme. RFI : Vous avez fait le choix, pour convaincre, d’élaborer un programme chiffré. C’était important pour vous ? Francis Rohero : Oui, c’est important pour moi, parce que cela fait des années que les partis politiques font presque ce que je peux dire « des promesses en l’air ». Ils disent qu’ils feront ceci, mais ils n’arrivent pas à le chiffrer, à prouver qu’ils pourront le faire. Et c’est pour cela que je dis : je veux essayer de dire à la population d’où vient le budget. Ce sont leurs impôts et leurs taxes, je veux que les gens comprennent que ce que l’on va faire n’est pas une promesse, mais quelque chose qui peut être réalisée, indépendamment des sigles des partis politiques. Alors, qu’est-ce que vous voulez faire justement, si vous êtes élu ? Quelle est votre priorité ? C’est d’abord d’investir dans l’économie de ce pays. L’agriculture, l’élevage, le transport, le commerce, ces secteurs clés doivent être mes priorités pour investir, afin de donner du travail à la population. Le Burundi, aujourd’hui, n’est pas capable de produire. Donc c’est cela ma priorité. D’abord l’investissement dans les secteurs clés qui soutiennent l’économie de ce pays. Et que reprochez-vous à la gouvernance Nkurunziza ? Je ne dirais pas nécessairement « la gouvernance de Nkurunziza ». Nous venons de passer plusieurs années dans une logique où les gens protègent plus leurs partis politiques que l’ensemble de la population. Il y a une certaine logique à faire croire aux gens que ce qui est important, c’est le drapeau, c’est la casquette d’un parti. Moi, je crois plutôt à la casquette nationale, le peuple burundais. Je retrouve donc, dans ce que je vois, que les gens du parti sont heureux, plus ou moins, par rapport aux autres. Les autres sont presque menacés. Ils ne peuvent pas avoir ce dont ils ont besoin, parce que le parti est très fort. Ceci n’est pas nécessairement d’aujourd’hui. On a connu trois partis politiques au pouvoir et chaque fois c’est la même chose. Voilà pourquoi je dis que je ne veux plus d’un parti politique. Je veux rassembler le peuple burundais autour d’une vision commune qui porte sur l’économie de ce pays. Et justement, en tant que candidat indépendant, comment exister sans parti politique ? Il y a des candidats de poids, face à vous… Aujourd’hui, les partis politiques au Burundi ont fait vraiment leur temps. Je suis indépendant, mais cela ne signifie pas que je suis seul. J’ai travaillé durant quatorze ans, j’ai des noyaux qui fonctionnent dans le pays, des amis qui ont connu ce que je fais depuis longtemps. Je veux ce rassemblement populaire au lieu d’un parti qui doit fissurer ce pays, comme cela s’est vu par le passé. Vous sentez-vous plus proche du général Évariste Ndayishimiye du parti au pouvoir ou de l’opposant Agathon Rwasa ? Je ne me sens proche de personne parmi les deux. Je suis conscient que les deux candidats sont les mêmes. Ils sont issus du maquis, et pour eux, ce qui est important, c’est leur groupe. Moi, je suis un indépendant et je crois que c’est la nouvelle donne. Il faut une troisième logique qui ne soit pas ce que l’on connait déjà ici, au Burundi.
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